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2 mai 2012 3 02 /05 /mai /2012 19:58
Joselyne Rousseau et Josselyne Buruchian | Présidentes de l’Association des Professionnels Libéraux de Santé de Pierrefitte et de Stains

Un panneau « sortie de médecins » (zigazou76/Flickr/CC)

Présidentes de l’Association des professionnels libéraux de santé de Pierrefitte et de Stains (Seine-Saint-Denis), nous dénonçons depuis douze ans les problèmes d’insécurité que rencontrent les praticiens de santé de proximité de ces villes. Ces violences, commises par des mineurs, souvent armés, aggravent de façon considérable la désertification médicale et para-médicale de nos communes, mettant en péril l’équilibre déjà précaire de la santé de proximité sur ce territoire.

En 2011, ces deux communes ont perdu 10% de leurs professionnels de santé. Avec un médecin libéral pour 3 000 habitants (la moyenne étant de 1/1000), Pierrefitte est reconnue comme un véritable « désert médical ».

Nous, professionnels de santé, sommes incontournables :

  • dans le maintien à domicile de patients présentant des pathologies complexes et des personnes âgées ou en fin de vie ;
  • dans l’alerte sur la résurgence de maladies graves (tuberculose, saturnisme) ou d’éventuelles épidémies locales ;
  • à l’heure où les urgences des hôpitaux sont engorgées, nous assurons un rôle de premier recours dans les situations sensibles et constituons de ce fait un facteur important de cohésion sociale.

Les politiques se renvoient la balle

Depuis novembre 2009, nous ne cessons d’interpeller les pouvoirs publics sur notre rôle sanitaire et social. En vain.

En avril 2011, nous avons rencontré le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, qui nous a assuré que la désertification médicale n’était pas une fatalité et qu’il avait besoin que nous restions. Mais en dehors de ces bonnes paroles rien d’effectif n’a été entrepris.

En juin 2011, nous avons rencontré le directeur de l’Agence régionale de santé, Claude Evin qui, hormis la création de maisons médicales ne nous propose rien de concret.

En désespoir de cause, en janvier 2012, nous avons une nouvelle fois écrit au président Sarkozy... qui nous a renvoyés à Xavier Bertrand... qui nous a dirigés vers Claude Evin. La boucle est bouclée !

Finalement, nous avons rencontré le 7 mars dernier, la conseillère technique de Xavier Bertrand. Que nous propose-t-on ? Encore et toujours des maisons pluridisciplinaires qui ne sont ni une solution rapide à mettre en place, ni une solution aux agressions. Cela ne résoudra en rien le problème des visites à domicile.

Enfin elle nous a clairement annoncé que si nous ne voulions plus assurer notre mission, nous étions libres de partir. D’ailleurs, d’autres professionnels de santé étrangers n’hésiteraient pas à venir dans nos banlieues, nous dit-on. Expérience déjà tentée, or les dits professionnels ne sont pas restés pour autant sur leur lieu d’exercice.

Parallèlement, nous avons contacté Jean-Marie Le Guen, responsable des questions de santé au Parti socialiste, qui nous a dirigés vers un responsable de son parti. Vérification faite ce responsable n’est pas connu en France !

Lutter contre l’insécurité et la désertification

Où se situe l’égalité dans l’accès aux soins tant demandée par tous les candidats politiques ? En douze ans, nous avons obtenu un carnet de sécurité, un numéro dédié à dix chiffres, un référent santé au commissariat que les professionnels de santé avertissent en cas d’agression.

Tout cela est loin d’être efficient, notamment en prévention des agressions. Ce que nous réclamons :

Pour assurer notre sécurité :

  • un numéro dédié à quatre chiffres ;
  • la mise en place de bips de sécurité en cas de danger ou d’agression ;
  • une vidéosurveillance à des points stratégiques afin de créer un maillage ;
  • un meilleur éclairage de nos communes (certaines rues sont de vrais « coupe-gorge »).

Pour lutter contre la désertification :

  • des mesures fiscales pour maintenir le maigre tissu de proximité de santé libéral existant sur le territoire ;
  • la reconnaissance de nos agressions en accident de travail…

Que deviendra dans un très proche avenir cette population laissée à l’abandon une fois que le tissu libéral de proximité aura définitivement disparu en raison de l’indifférence générale de nos « irresponsables politiques » ?

Nos limites sont largement atteintes : il y a urgence ! L’hémorragie de professionnels de santé ne sera plus rattrapable ! Nous sommes au bord de la catastrophe sanitaire !

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