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5 septembre 2012 3 05 /09 /septembre /2012 19:27

Le documentaire « Vaccins, le virus du doute », réalisé par Gaël Chauvin, a été diffusé sur France 5, dans l’émission « Enquête de santé » (dernière rediffusion le 23 août dernier).

C’est un documentaire plutôt équilibré, ce qui est rare ces temps-ci, puisque les réalisateurs ont souvent un parti pris, une opinion préconçue qu’ils tentent d’étayer en enquêtant uniquement à charge ou à décharge. Or cela ne me semble pas être le premier rôle du journalisme grand public, en particulier lorsqu’il ne s’agit pas d’investiguer, mais d’informer sur les positions et les forces en présence et de nous faire réfléchir, afin de contribuer à un débat public permettant une décision citoyenne en connaissance de cause. Une telle décision ne peut pas être prise dans un dialogue de sourds où chacun campe sur ses idées préconçues et où ce sont les passions et les intérêts particularistes qui prédominent, quelle que soit leur nature : idéologique, commerciale, habitus culturels et professionnels et autres.

Plus bas, après le rappel des grandes lignes du documentaire, j'ajoute des liens et des commentaires sur la santé publique, sur les conséquences de la polarisation en matière de vaccinations et de science en général, de même que sur les conséquences de la logique individualiste néolibérale, qui, aussi étonnant que cela puisse paraître au premier abord, sont visibles depuis les revendications de liberté vaccinale jusqu'aux pratiques de l'industrie pharmaceutique. Pour conclure en rappelant le principe de vaccination, à ne pas confondre avec des applications hasardeuses qui s'en réclament et à ne pas rejeter à cause de ces dernières. Question de logique...


 

Voici quelques-unes des problématiques soulevées par Gaël Chauvin, qui ne cherche pas à imposer ses positions et n’esquive pas les problèmes les plus épineux :

Après des références historiques permettant de situer le débat dans un contexte plus complexe, il aborde entre autres la question de l’inefficacité du Gardasil comme ses effets indésirables, pose la question de l’utilité de la vaccination massive contre l’hépatite B, alors qu’une vaccination ciblée aurait été raisonnable. Il pose la question de la relation de causalité entre ces vaccins et la sclérose en plaques.

Le documentaire s’arrête longuement sur l’adjuvant contenu dans un certain nombre de vaccins, dont ceux contre l'hépatite B: l’hydroxyde d’aluminium, cause présumée de la myofasciite à macrophages. Il donne la parole à ceux qui incriminent le vaccin – Romain Gherardi, François-Jérôme Authier, ainsi que des victimes -, comme à ceux qui contestent ce lien de causalité, comme Bruno Toussaint parlant pour la revue Prescrire.

A noter que les revues indépendantes étrangères ont plus ou moins la même approche que Prescrire : l’hydroxyde d’aluminium provoquerait une inflammation locale sans traduction clinique systémique. Il ne serait pas responsable d’effets indésirables systémiques tels qu’ils sont décrits par les victimes et les chercheurs – douleurs musculaires et articulaires, affections neurologiques, troubles neuropsychologiques et autres. A noter que les chercheurs sur la myofasciite à macrophages partent du postulat d’une prédisposition génétique existant chez les personnes ayant subi des effets indésirables graves. Ce qui pose d’ailleurs la question de l’individualisation du geste vaccinal, ainsi que celle de la non disponibilité de vaccins individuels, puisque la plupart associent plusieurs vaccins.

Le remplacement de l’hydroxyde d’aluminium n’est pas souhaité par l’industrie pharmaceutique pour des raisons de coût, autrement dit, de profits. Le documentaire ne le dit pas, mais avant le rachat de l’Institut Pasteur, ce sont les phosphates de calcium que l’on utilisait comme adjuvant, et il ne semblait pas y avoir de problèmes…

Le documentaire rappelle aussi les effets dévastateurs de maladies telles que la poliomyélite avant la vaccination et le problème actuel de la rougeole : le nombre croissant de cas, à cause d’une couverture vaccinale très largement insuffisante.

Dommage que le réalisateur n'ait pas choisi seulement des intervenants indépendants, sans rapport avec l'industrie pharmaceutique, et n'ait pas précisé leurs éventuels conflits d'intérêts.

Commentaires sur la santé publique et le principe de la vaccination

C’est un truisme que de dire que, les vaccins étant administrés à des personnes saines, à des enfants, le rapport bénéfices/risques « acceptable » au nom de l’intérêt de la santé publique n’est pas le même que dans le cas d’un médicament administré à des personnes malades.

La vaccination reste une question de santé publique, une traduction de l'intérêt général, et l'on voit à quel point il est difficile d’en concevoir une, de la concilier avec des exigences telles que l’individualisation du geste vaccinal, la liberté de se faire vacciner ou non, etc. On ne se vaccine pas seulement pour soi-même. Si la liberté vaccinale veut dire chacun pour soi, chacun fait comme bon lui semble, selon ses intérêts et sans se soucier des autres, c'est après tout un autre symptôme de la logique individualiste néolibérale transposée à la santé et qui en infiltre toutes les dimensions.  

Si l’on va au-delà des apparences, on réalise que cette revendication individualiste de plus en plus répandue relève de la même logique des intérêts particularistes que les revendications des industriels. Et l’on voit à quel point cette logique a des conséquences dévastatrices : pensons aux conflits d’intérêt, à la course effrénée aux profits de l’industrie pharmaceutique et de ses satellites en blouse blanche, bref, à toutes les formes et les conséquences du ghost management par les laboratoires. Les vaccinations massives injustifiées, la politique de la peur (avec l'idéologie du risque zéro), les vaccins inutiles entraînant des risques inutiles et d’autant plus nombreux que la vaccination est massive, les vaccins insuffisamment testés et/ou avec des adjuvants mal connus – tout ce qui n’est pas le résultat d’une réflexion de santé publique rationnelle, scientifique et sans aucune influence industrielle sème le doute et la méfiance.

Cette méfiance va bien au-delà des vaccins eux-mêmes ; elle concerne la médecine en général, puisque chaque fiasco, chaque scandale sape un peu plus la crédibilité de la médecine et des principes qui fondent la notion de santé publique. Et de plus en plus de citoyens lui tournent le dos, lui préférant les médecines alternatives, qui ne sont pourtant pas exemptes de visées commerciales, de conflits d’intérêts, de charlatanisme, etc. Elles prennent elles aussi des formes multinationales; il suffit de penser à l'empire du Dr Mathias Rath et de la puissante censure qu'il exerce, au point qu'il devienne de moins en moins possible de remettre en question l'efficacité de tel produit "naturel". (J'ai abordé en détail ces aspects dans la note « Scientisme et irrationalisme, dogmes symétriques délétères pour la médecine »).

« Le virus du doute » sape toute notion de science (dans son acception première, non réductible aux technosciences). J’en ai parlé en détail dans deux articles, qui tentent de circonscrire ces conséquences à plusieurs niveaux, à partir des enseignements à tirer du fiasco de la vaccination contre la grippe A H1N1 (abordée dans à peu près 35 notes accessibles en descendant sur cette page).

Le documentaire montre des victimes qui ont du mal à faire reconnaître leurs droits. Or justement, si l’on veut qu’une politique de santé publique en matière de vaccins existe et soit crédible, l’une des premières mesures à prendre en France devrait être une loi d’indemnisation quasi-automatique pour toute victime d’effets indésirables à la suite des vaccins, comme cela existe aux Etats-Unis depuis 1986 (NCVIA : National Childhood Vaccine Injury Act).

Pour ce qui me concerne, en matière de vaccins comme sur tout autre produit de santé, il me semble que la seule attitude défendable, c'est de faire une critique au cas par cas, sans préjugés, sans idées préconçues, sur des bases rationnelles, donc excluant les croyances et opinions, une critique sans positionnement idéologique (qu'il soit scientiste ou antiscience, rationaliste dogmatique ou irrationnel, pour ne pointer que les extrêmes). Ces extrêmes qui se nourrissent l'un l'autre, formant une dialectique des contraires, sont également nocifs pour la santé.

Une critique au cas par cas est le devoir de ceux qui défendent le principe de la vaccination, rationnel et moralement défendable, à ne pas confondre avec des mises en pratique, avec des applications concrètes qui peuvent se réclamer de ce principe tout en le pervertissant. Que Merck et Sanofi Pasteur MSD commercialisent un Gardasil inutile et inefficace, pour ne prendre qu'un exemple, n'est en rien une preuve en mesure d'invalider le principe de la vaccination. 

**

Voici la présentation du documentaire « Vaccins : le virus du doute » sur le site de France 5 :

« Depuis l'origine de son utilisation, le vaccin fascine autant qu'il dérange. Quand Pasteur a eu mis au point celui contre la rage, toute l'Europe a fait la queue devant son laboratoire. Mais le principe même d'inoculer un virus fait peur.
Alors, quelques années plus tard, en 1902, quand la France a voulu lancer sa toute première campagne générale contre la variole, il a fallu menacer d'amendes et de prison pour que le peuple se fasse vacciner !
L'histoire donne cependant raison à Pasteur. Le nombre de cas de variole diminue et la vaccination se généralise à d'autres maladies : typhus, tuberculose, coqueluche... Après la Seconde Guerre mondiale, la fabrication devient industrielle. On établit des campagnes nationales, des vaccins obligatoires.
A la fin des années 90, tout change. Certaines personnes vaccinées contre l'hépatite B déclarent, dans les mois qui suivent, une sclérose en plaques. Le scandale éclate. Mais y a-t-il un lien entre la maladie et le vaccin ? Ce documentaire enquête... »

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