À partir de 13 ans, ce sont les filles qui consomment le plus de psychotropes © Christopher Weidlich/Corbis
En France, la prescription de traitements psychotropes est estimée à environ 2,2 % chez les enfants et les adolescents, selon une récente étude publiée dans BMC Psychiatry. On savait déjà que le niveau de prescription de ces médicaments - qui agissent principalement sur le cerveau - était élevé chez les adultes par rapport aux autres pays, mais la fréquence de leur consommation était jusque-là mal connue chez les enfants et les adolescents. Éric Acquaviva de l'hôpital Robert Debré (Paris) et ses collègues ont donc réalisé la première estimation nationale dans ce domaine. Portant sur plus de 15 millions de jeunes âgés de 0 à 18 ans, elle s'est appuyée sur les données de l'Assurance maladie datant de 2004.
Ce travail montre que le taux de prescription de ces traitements augmente de 1,2 à 5 % entre 5 et 18 ans. Il est plus élevé chez les garçons jusqu'à 12 ans. À partir de 13 ans, la prévalence est plus importante chez les filles et, à 18 ans, la prescription concerne deux filles pour un garçon. L'analyse indique que, pour le principal médicament destiné à lutter contre l'hyperactivité, la prévalence maximale est observée chez les garçons de 8 ans et atteint 0,65 %. Elle reste plus faible chez les filles pour toutes les classes d'âge. Le taux de prescription de benzodiazépines (tranquillisants) augmente avec l'âge. Il est plus élevé chez les garçons avant 13 ans, puis chez les filles entre 14 et 18 ans. À 18 ans, sa fréquence de prescription a atteint environ 1,2 %.
Concernant les antidépresseurs de type Prozac, la fréquence de prescription augmente aussi avec l'âge. Entre 3 et 13 ans, elle varie entre 0,15 et 0,25 % et les niveaux sont comparables entre les deux sexes. Le taux de prescription atteint 2,2 % chez les filles de 18 ans, le double des garçons. Pour les antipsychotiques, le niveau croît également avec l'âge et reste toujours supérieur chez les garçons. En comparant avec les données recueillies dans d'autres pays européens, il semble que les jeunes Français consomment plus de produits contre les psychoses et de tranquillisants, mais moins de médicaments de l'hyperactivité. "Cela suggère un sous-diagnostic des troubles du déficit de l'attention avec hyperactivité en France et probablement des approches différentes pour traiter certains troubles psychiatriques chez les enfants et les adolescents", concluent les auteurs. Une conclusion qui ne va pas plaire à tout le monde...