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14 janvier 2012 6 14 /01 /janvier /2012 10:38
L'inspection générale des affaires sociales (IGAS) a rendu public  un rapport, «L’information des médecins généralistes sur le médicament», qui recommande aux pouvoirs publics de "réduire de plus de moitié les dépenses que les laboratoires consacrent à la promotion du médicament".

Le rapport cible principalement les visites des représentants des labos auprès des médecins généralistes.

Étant donnée une absence en France de dispositif cohérent de formation continue pour les médecins généralistes, ceux-ci n’ont souvent pas d’autres informations que celles fournies par ces visiteurs médicaux, pour faire face à l’afflux de nouveaux médicaments et les progrès de la médecine.

Un tiers des médecins reçoit plus de sept visiteurs médicaux par semaine, et seulement entre 3 et 5 % des médecins ne reçoivent aucun visiteur médical, note l’Igas. On estime à environ 330 le nombre moyen de visites reçues chaque année par un médecin généraliste, précise le rapport. L’industrie pharmaceutique dépense ainsi plus de 25.000 euros annuellement par généraliste pour ces visites.

Ces visites, note l'IGAS, influent plus fortement sur les comportements des médecins qu’ils ne le pensent et ne l’admettent (comme l'argumentait notamment UFC-Que Choisir dans un rapport publié en septembre dernier ). Or, mentionne l'IGAS, les informations délivrées par l'industrie sont souvent biaisées.

Le rapport relève que les stratégies de promotions des laboratoires incluent également des stratégies telles que l’insertion de médecins dans des études dont l’intérêt scientifique est limité, le rôle que jouent des leaders d’opinion, comme les membres des sociétés savantes ou les professeurs de médecine en crédibilisant les messages des laboratoires. L’Igas pointe également le rôle ambigu de la presse médicale dont la plus grande partie est financée par la publicité.

L'Igas recommande de faire de la Haute Autorité de santé (HAS) l'émetteur unique d'information sur le bon usage du médicament, de confier à l'HAS la définition et la mise en oeuvre d'une stratégie de promotion publique des bonnes pratiques de prescription et de mettre en place un observatoire de la prescription pour repérer les problèmes rencontrés par les médecins avec les visiteurs médicaux.

Les entreprises du médicament, dans un communiqué, ont nié toute légitimité aux inspecteurs de l'Igas et réclamé la tenue de négociations publiques.

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14 janvier 2012 6 14 /01 /janvier /2012 10:35
un guide de la revue Prescrire gratuit en ligne (à mettre dans vos favoris)

La revue Prescrire a publié en ligne le Petit manuel de Pharmacovigilance et Pharmacologie clinique qui fournit des informations précieuses concernant les effets secondaires indésirables des médicaments. "L'affaire Mediator est en partie la conséquence désastreuse de l'insuffisance de la formation en France des soignants en pharmacologie clinique et en pharmacovigilance", estime la revue. Pour répondre à ce besoin, elle publie ce guide conçu pour la formation des médecins et autres professionnels de la santé.

Mais ce manuel est aussi, ajoutons-nous, d'un intérêt important pour les consommateurs de médicaments qui ne sont jamais, eux aussi, trop éduqués sur cette question afin de pouvoir prendre part aux décisions qui concernent leur santé.

Le manuel présente notamment le profil d'effets secondaires pour les différentes classes de médicaments dont: les antalgiques (anti-douleur), les psychotropes (neuroleptiques ou antipsychotiques, antidépresseurs, somnifères, anxiolytique, lithium), les estroprogestatifs (pilule contraceptive), les immunodépresseurs, les médicaments cardiovasculaires, les médicaments du diabète de type 2, les antibiotiques, les anticancéreux, les vasoconstricteurs et les médicaments utilisés en urologie.

Il présente aussi les grands syndromes d'effets secondaires tels que les syndromes sérotoninergique (le plus souvent dû à une interaction de médicaments psychotropes), sympathomimétiques et atropinique liés au système nerveux ainsi que bien d'autres. Il traite aussi des interactions entre les médicaments.

Par ailleurs, souligne le guide, dans son introduction, les recherches “au petit bonheur la chance” à l’aide d’un moteur de recherche sur internet n’offrent aucune garantie d’obtenir les informations désirées
synthétiques, actualisées et fiables. De même l’information provenant des firmes pharmaceutiques est sous l’influence de leur intérêt économique. " (...) mieux vaut s’appuyer sur des documents rédigés par des équipes au service des soignants et de l’intérêt premier des patients, chargées de faire le travail de synthèse (...)". Et de citer le site du Centre belge d’information pharmacothérapeutique (à garder également dans ses favoris).

Consulter le guide sur le site de Prescrire: Petit manuel de Pharmacovigilance et Pharmacologie clinique

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14 janvier 2012 6 14 /01 /janvier /2012 10:33

Les réactions de sevrage liées aux antidépresseurs les plus couramment prescrits semblent similaires à celles causées par les anxiolytiques, selon une étude publiée dans la revue Addiction qui visait à explorer le rationnel soutenant l'affirmation selon laquelle les médicaments anxiolytiques de la classe des benzodiazépines causeraient une dépendance alors que les antidépresseurs de la classe des inhibiteurs sélectifs de la recapture de sérotonine (ISRS) n'en causeraient pas. La classe des ISRS est la plus couramment prescrite. Elle inclut, par ex., Prozac, Celexa (ou Citalopram), Deroxat (Paxil ou Paroxétine), Seroplex, Zoloft et d'autres.

M. Nielsen et ses collègues de l'Université de Copenhague et du Nordic Cochrane Centre ont analysé les définitions données aux réactions de dépendance et de sevrage au cours du temps dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM) et la Classification Internationale des Maladies (CIM) et ont analysé les publications scientifiques afin de comparer les symptômes de sevrage liés aux deux groupes de médicaments.

La définition de la dépendance à une substance a changé au fil du temps dans le DSM et le CIM. Dans les classifications les plus récentes, plusieurs critères, incluant notamment des manifestations comportementales, physiologiques et cognitives, doivent être rencontrés. Ce changement, indiquent les chercheurs, est survenu lors de la révision du DSM-III en 1987 (DSM-IIIR) après la reconnaissance de la dépendance aux benzodiazépines, juste avant que les ISRS soient commercialisés en 1987-1988.

Par ailleurs, dans les études analysées, les symptômes lors de l'arrêt des médicaments étaient décrits en termes similaires pour les benzodiazépines et les antidépresseurs ISRS et étaient très similaires pour 37 des 42 symptômes identifiés décrits comme étant des réactions de sevrage.

Référer à ces réactions comme faisant partie d'un syndrome de dépendance dans le cas des benzodiazépines mais pas dans celui des antidépresseurs ISRS ne semble pas rationnel, conclut les chercheurs.

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14 janvier 2012 6 14 /01 /janvier /2012 10:30
 insuffisamment surveillés par les psychiatres

Les psychiatres devraient améliorer leur surveillance des effets secondaires des médicaments antipsychotiques (neuroleptiques), selon une étude britannique publiée dans la revue Psychological Medicine.

Ces médicaments sont connus pour provoquer divers effets secondaires indésirables pouvant avoir des conséquences sérieuses pour la santé. Par exemple, 60 % des personnes prenant un médicament antipsychotique pour le traitement de la schizophrénie ont un niveau de cholestérol élevé, 40 % ont une pression artérielle élevée, et 30 % présentent un syndrome métabolique. Certains experts estiment que 90 % des personnes traitées avec des médicaments antipsychotiques ont au moins un facteur de risque métabolique.

Alex Mitchell de l'Université de Leicester et ses collègues ont analysé 48 études (impliquant près de 300 000 personnes) menées de 2000 à 2011 dans 5 pays.

Les psychiatres surveillaient la pression artérielle et les triglycérides chez plus de la moitié des personnes qui recevaient des soins psychiatriques. Mais le contrôle du cholestérol, du glucose et du poids étaient offerts chez moins de la moitié. La surveillance était similaire dans les études américaines et britanniques et pour les personnes hospitalisées et traitées à l'externe.

Cette étude montre que les psychiatres ne tiennent pas toujours compte des complications métaboliques des médicaments prescrits, concluent les auteurs.

Plusieurs directives soulignent la nécessité d'un contrôle médical régulier, mais même après la publication de ces directives, les taux de surveillance sont demeurés faibles en particulier pour ce qui est des paramètres qui nécessitent un test sanguin. Même dans les études les plus récentes, le poids et la tension artérielle n'étaient pas vérifiées chez environ un quart des personnes traitées.

Une explication est que la responsabilité est souvent perdue entre la psychiatrie et la médecine générale, estiment les auteurs. Ils recommandent que des contrôles de santé physique fassent obligatoirement partie des soins fournis par les psychiatres.

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14 janvier 2012 6 14 /01 /janvier /2012 10:26

 

Les antidépresseurs de la classe des inhibiteurs sélectifs de recapture de la sérotonine (ISRS) pendant la grossesse augmentent le risque d'hypertension pulmonaire persistante chez le nouveau-né, selon une étude publiée dans le British Medical Journal.

Helle Kieler et ses collègues de l'Institut Karolinska de Stockholm ont analysé les données concernant 1,6 million de naissances dans cinq pays d'Europe du nord.

Les antidépresseurs ISRS après la 20e semaine étaient associés à un risque doublé d'hypertension pulmonaire persistante. Chez les 11 000 femmes qui ont pris des antidépresseurs en fin de grossesse, 33 ont donné naissance à un enfant atteint de la maladie (soit 3 sur 1000, comparativement à 1,2 normalement). Alors que chez les 17 000 qui ont pris des antidépresseurs en début de grossesse seulement, 32 enfants souffraient de la maladie (soit 1,9 pour 1000). Le taux de mortalité chez les bébés nés avec la maladie était de 15%.

Les risques étaient identiques pour tous les antidépresseurs étudiés: la fluoxétine (Prozac), le citalopram (Seropram, Celexa), la sertaline (Zoloft), la paroxétine (Deroxat, Divarius, Paxil) et l'escitalopram (Seroplex.

Les chercheurs recommandent d'être prudent par rapport aux traitements par antidépresseurs ISRS lors de la grossesse et de considérer des approches non médicamenteuses lorsque possible.

Un éditorial accompagnant l'article souligne que si l'étude montre un lien entre cette classe d'antidépresseurs et l'hypertension pulmonaire, elle ne prouve pas que ce lien soit causal. Ces résultats pourraient aussi être expliqués par la dépression elle-même, mentionnent-ils.

Les mères qui avaient reçu une prescription d'antidépresseurs étaient aussi plus âgées en moyenne et avaient davantage tendance à fumer.

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14 janvier 2012 6 14 /01 /janvier /2012 09:31
 antiépileptiques, Champix, Singulair…

 

Nous avions parlé de l’alerte de la FDA (agence états-unienne du médicament) à propos du risque suicidaire sous antiépileptiques. Quant aux psychiatrie en crise BMJ.jpgantidépresseurs, cet effet indésirable est connu depuis longtemps et, aux Etats-Unis, un label noir (black box warning) portant là-dessus dissuade les médecins de les prescrire aux moins de 24 ans.

Vu le nombre de signalements à la pharmacovigilance et les exigences de certains chiens de garde, la FDA a lancé fin août une enquête sur le risque de suicide et d’idéation suicidaire induits par certains médicaments tels Prozac (fluoxétine), Deroxat / Seroxat (paroxétine), Zyban (buproprion) et Zoloft (sertraline), les antiépileptiques Lyrica (prégabaline) et Neurontin (gabapentine), l’aide au sevrage tabagique Champix (varénicline) ainsi que l'anti-acnéique Roaccutane (isotrétinoïne).

 

Notons que la FDA avait aussi alerté sur un lien possible entre des suicides et l’antiasthmatique Singulair (montélukast).

 

Nous mentionnons les noms français des médicaments, d’où la différence par rapport à la dépêche canadienne : Suicide : enquête sur les risques de certains médicaments.

 

Le dessin, tiré d’un article du British Medical Journal sur la crise de la psychiatrie, illustre bien la leçon d’humilité qu’inflige le cerveau aux médecins et chercheurs obligés de reconnaître qu’ils ne comprennent rien aux effets des médicaments sur le système nerveux central. Dommage qu’ils jouent aux apprentis sorciers en prescrivant massivement des médicaments qui devraient être limités aux cas d’absolue nécessité, en fontion d'une balance bénéfices-risques établie au cas par cas.

 

Mise en garde de la FDA, par un label noir imposé dans les notices et les RCP des antidépresseurs : label noir revu et étendu des enfants aux adolescents puis aux jeunes adultes de moins de 24 ans

 

La FDA a étendu en 2007 le black box warning aussi aux jeunes entre 18 et 24 ans. Il s’agit de l’avertissement le plus fort existant aux Etats-Unis, figuré par un encadré noir placé au début de la notice, et signalant que le médicament en question présente des dangers pour la santé et des risques d’effets secondaires graves.

 

Liste des 36 anti-dépresseurs et psychotropes concernés en priorité par cette mise en garde (j’ai essayé autant que possible de retrouver les noms de marque utilisés en France et laissé les noms génériques entre parenthèses).

Anafranil (clomipramine)
Aventyl (nortriptyline)
Citalopram / Seropram / Celexa / Citrol/ Recital / Cipramil (citalopram hydrobromide)

Cymbalta (duloxetine)

Defanyl / Asendin (amoxapine)
Deroxat / Seroxat / Paxil (paroxetine HCl)

Desyrel (trazodone HCl)
Escitalopram / Seroplex / Cipralex / Sipralex / Lexapro (escitalopram hydrobromide)
Effexor (venlafaxine HCl)
Déprényl / Emsam (selegiline)

Divarius / Pexeva (paroxetine mesylate)
Fluvoxamine / Floxyfral / Luvox / Faverin (fluvoxamine maleate)
Laroxyl / Elavil (amitriptyline)

Limbitrol (chlordiazepoxide/ amitriptyline)
Ludiomil (maprotiline)
Marplan (isocarboxazid)
Nardil (phenelzine sulfate)

Norset / Remeron (mirtazapine)
Pamelor (nortriptyline)
Parnate (tranylcypromine sulfate)

Pertofran / Norpramin (desipramine HCl)
Prozac (fluoxetine HCl)
Sarafem (fluoxetine HCl)
Seroquel (quetiapine)

Serzone (nefazodone HCl)
Sinequan (doxepine)
Surmontil (trimipramine)
Symbyax (olanzapine/ fluoxetine)
Tofranil (imipramine)
Tofranil-PM (imipramine pamoate)
Triavil (perphenazine/ amitriptyline)

Trilifan / Etrafon (perphenazine/ amitriptyline)
Vivactil (protriptyline)
Wellbutrin (bupropion HCl)
Zoloft (sertraline HCl)
Zyban (bupropion HCl)

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12 janvier 2012 4 12 /01 /janvier /2012 16:55

L'étau se resserre autour des parabènes et de leur rôle supposé dans le développement de certains cancers du sein. Des médecins britanniques ont retrouvé des traces de ces produits chimiques dans… 99% des tissus mammaires prélevés à la suite d'une mastectomie. D'où proviennent-ils ? Peut-être des déodorants, mais pas seulement.

Le Dr Philippa Darbre (Université de Reading) et le Dr Lester Barr (Université de Manchester) ont analysé des échantillons mammaires de 40 femmes atteintes d'un cancer du sein et venant de subir une mastectomie. Autrement dit, une ablation de la glande mammaire. Au total, 160 prélèvements - quatre par femme donc - ont été passés au crible.

Résultat : les auteurs ont retrouvé « des traces d'au moins un parabène dans 99% des tissus en question. Et 60% en contenaient même cinq ». Au-delà de cette statistique, ils ont cherché à déterminer la provenance de ces substances chimiques.

D'où viennent ces parabènes ?

L'application répétée de déodorants axillaires a été pointée par différents travaux, la plupart justement réalisés par le Dr Darbre et son équipe. Cette scientifique s'interroge notamment sur la forte proportion de tumeurs mammaires décelées dans la partie extérieure et haute du sein. Celle précisément, qui est la plus proche des aisselles. « Le nombre des tumeurs localisées à cet endroit a augmenté de façon disproportionnée ces dernières années au Royaume-Uni », enchaîne Philippa Darbre. « A tel point qu'un cancer sur deux se développe dans cette partie du sein! ».

Ce nouveau travail ne permet pas de confirmer ni d'infirmer la responsabilité des déodorants contenant des parabènes. Et pour cause, « 7 des 40 femmes nous ont déclaré n'avoir jamais utilisé de déodorant axillaire », poursuit l'auteur. « Il existerait donc d'autres sources potentielles » de contamination. Le Dr Darbre n'est pas en mesure de les identifier. Pour le moment en tout cas… Dans le doute, peut-être faut-il préférer les déodorants naturels, sans parabènes…

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11 janvier 2012 3 11 /01 /janvier /2012 15:18

 

La surmédicalisation est un thème de plus en plus évoqué comme une tendance préoccupante. Ses contours n’en restent pas moins imprécis.

D’un côté, on pointe une médicalisation abusive ou injustifiée, notamment de problèmes sociaux, sociétaux, psychologiques, éducatifs. Plus récemment, on met sur le compte de la santé, en arrière plan de la médecine, la crise du travail et de l’emploi. Les situations conflictuelles dans le milieu familial atterrissent souvent dans le cabinet médical. On affirme sans preuve que ça vient de tel ou tel facteur, que les causes sont identifiées et relèvent donc de la médecine.

D’un autre côté on dénonce la surconsommation ou la prescription, sous-entendu abusive, de médicaments, d’actes chirurgicaux, d’examens de laboratoire ou radiologiques et d’arrêts de travail. Le consumérisme des patients ou le laxisme des médecins sont mis en cause.

Bref un phénomène qui recouvre divers aspects en résonance avec d’autres cristallisations qu’il faut mieux cerner.

Avec beaucoup d’autres observateurs, on relie l’émergence de cette tendance à deux autres phénomènes : les surdiagnostics [1] et les surtraitements, dont on sait aujourd’hui qu’ils peuvent échapper à l’imprécision, qu’ils sont accessibles à l’analyse scientifique, qu’ils occupent une place croissante dans l’épidémiologie analytique et comparative, qu’ils entrent dans la catégorie des phénomènes mesurables.

Pour clore ce prologue, on ne peut pas et on ne doit pas aborder la surmédicalisation sans s’interroger sur l’existence simultanée de la sous-médicalisation [2] et sur une possible relation entre les deux processus, l’un et l’autre multifactoriels, susceptibles de relever de déterminants communs et probablement de relations dont il importe de comprendre la nature.

Notre groupe, composés de professionnels indépendants de tout lien avec le complexe médico-industriel et avec les institutions en tous genres, met en débat de tels constats, propose quelques hypothèses et arguments tirés de nos échanges, de la littérature scientifique, de nos expériences et de nos observations.

Nous sommes naturellement disposés à collaborer avec des partenaires très divers sur la base de relations équilibrées et transparentes.

Nous n’avons aucune prétention à défendre de manière univoque des idées ou des thèses, mais plutôt à contribuer, avec d’autres, à faire connaître les fruits d’analyses, de comparaisons et d’études existantes. Nous voulons aussi favoriser la rédaction d’un argumentaire utile à quiconque est attentif à ce type de phénomènes.

Nos travaux seront diffusés librement et gratuitement sur Internet.

 

A quelles questions tenterons-nous de répondre ?

Nous proposons que ce colloque aborde en même temps la surmédicalisation, les surdiagnostics et les surtraitements.

Ces trois phénomènes : surmédicalisation, surdiagnostics et surtraitements ont un impact sur le système de santé, mais il est mal connu. Observés dans tous les pays, ils préoccupent les responsables et appellent des correctifs. Du moins le pensons-nous.

La fréquence excessive des radiographies après des traumas crâniens, les indications trop nombreuses de césariennes par rapport aux indications justifiées et le dépistage systématique des cancers de la prostate chez tous les hommes de 50 à 75 ans sont des exemples bien documentés de ces dysfonctionnements. Il y en a bien d’autres et ils n’ont pas tous la même portée, ni les mêmes conséquences. Nous ne pourrons pas tout aborder. Aussi éviterons nous de nous intéresser aux faits les mieux admis, sauf peut être pour rappeler que certains d’entre eux furent longtemps ignorés ou niés, avant d’être admis au catalogue des savoirs établis.

Nous mentionnerons seulement les controverses actuelles, comme celle qui occupe une place croissante à propos du dépistage organisé du cancer du sein chez les femmes entre 50 et 75 ans. Dans la période de six mois, en France [3], ce sujet qui était passé sous silence depuis des années, est l’objet de trois réunions scientifiques promues par différentes organisations, dans des contextes très différents. Ceci nous impose de regarder les circonstances de ces rencontres, la nature des débats et des arguments avancés et les conclusions consensuelles ou contradictoires qui en résulteront. Cela nous semble plus intéressant que d’engager nos moyens très limités dans une controverse pour laquelle des collègues bien plus compétents produiront l’essentiel de l’argumentation. Nous voudrons là être plus témoins que contributeurs actifs.

C’est sur d’autres points du domaine médical que nous porterons collectivement notre attention.

Nous pensons que nous pourrions avec votre aide établir une liste non exhaustive des faits bien documentés concernant la surmédicalisation, les surdiagnostics et les surtraitements.

Une première étape est la sélection d’une série, pas nécessairement limitative, de questions pour faire naître les réponses, même partielles, qu’on peut y apporter.

Pourvu que la distinction soit bien faite entre les réponses intuitives, les opinions et les réponses plus méthodiques, mieux étayées sur des preuves, souvent elles-mêmes partielles.

Nous tenterons aussi d’apporter des réponses à des questions générales.

 

[1] Nous avons préféré écrire les trois mots sans tirets et mettre la surmédicalisation au singulier, mais utiliser le pluriel pour surdiagnostics et surtraitements.

[2] La sous-médicalisation a à voir avec le sous-développement, la pauvreté et les inégalités de santé, aussi sans doute avec d’autres facteurs géographiques et sociaux.

[3] Congrès de la Société Française de Sénologie à Marseille en novembre 2011 ; Réunion organisée par International Prevention Research Institute (iPRI) à Lyon en janvier 2012 ; Réunion organisée par La Revue Prescrire et Que Choisir Santé au printemps 2012.

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11 janvier 2012 3 11 /01 /janvier /2012 13:15
  • Grossesse : quels sont les médicaments interdits ?

Vous le savez : grossesse et médicaments ne font pas bon ménage. Pourtant, certaines situations obligent parfois à prendre un traitement. Le point sur les médicaments formellement interdits et ceux envisageables avec l’avis du médecin.

1. Grossesse: les médicaments à proscrire

Les médicaments consommés quand vous êtes enceinte peuvent influer sur l’état de santé de votre futur bébé. C’est pourquoi toutes les notices de médicaments comportent une mise en garde à l’attention des femmes enceintes. Certaines précisent seulement "demandez l’avis de votre médecin", d’autres énoncent clairement une contre-indication pendant la grossesse.

En réalité, les chercheurs ne disposent pas de suffisamment de recul et de données pour statuer sur les effets de toutes les molécules commercialisées. Ceci explique les différences de prescription d’un médecin et surtout d’une future maman à l’autre. Tout dépend de votre état, de l’intensité de vos maux, de votre âge, de vos antécédents. Chaque praticien doit mesurer le bénéfice et le risque du traitement médicamenteux qu’il s’apprête à vous conseiller. Il existe tout de même des données fiables énoncées par le Crat (Centre de Référence sur les Agents Tératogènes) auquel les professionnels de santé et vous-même pouvez vous référer en entrant le nom du médicament qui vous intéresse dans un moteur de recherche.

Parmi les traitements les plus courants à proscrire : les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) comme l’aspirine ou l’ibuprofène (surtout dès le 5e mois), les traitements contre l’acné sévère, certains antidépresseurs mais aussi des anticoagulants, des traitements contre l’épilepsie, la migraine ou l’hypertension

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11 janvier 2012 3 11 /01 /janvier /2012 12:32

article de 2008

Coluche disait « N’ayez pas peur, je ne suis pas de la police. » Je dirai pour ma part « N’ayez pas peur, je ne suis pas psychiatre »

Antidépresseurs et suicide : les leçons d’un échec
Pierre Sidon

Colloque déprime-dépression, Ministère de la santé, sous le Haut patronage et en présence de la Ministre, Mme Roselyne Bachelot-Narquin

« La langue de ces gens-là a une finesse extrême pour rendre les nuances les plus fugitives du sentiment » Stendhal, De l’amour en Provence jusqu’à la conquête de Toulouse en 1228, par les Barbares du Nord, De l’Amour, Paris, 1822.
« Il suffit en fait que je dise : « je suis triste… », pour que n’importe quelle personne sache exactement ce que je ressens », Pr Bruno Falissard, Mesurer la subjectivité en santé, Masson, 2001.
Dans la plupart études statistiques publiées depuis vingt ans, les nouveaux antidépresseurs présentaient de nombreuses vertus : outre leur efficacité, ils étaient peu générateurs d’effets indésirables. Et puisqu’ils traitaient la dépression, ils prévenaient le suicide.
Dans la pratique néanmoins, les effets thérapeutiques apparaissaient inconstants, souvent inférieurs à ceux des antidépresseurs de référence face à une situation de dépression sévère, en tous cas imprévisibles : on est toujours dans la situation décrite ainsi par Lacan : « On tempère, on obnubile, mais on ne sait pas ce qu’on fait. » (Discours aux psychiatres). Quant aux effets indésirables, ils étaient nombreux et la tentative de suicide ou le suicide en faisait partie, souvent même commis par intoxication avec le traitement lui-même. Les laboratoires pharmaceutiques et leurs alliés universitaires répondaient : ce n’est pas le médicament, c’est la maladie, preuves statistiques à l’appui, toujours.

L’année 2008, avec son lot de nouvelles révélations, sera-t-elle décisive ? Rien n’est moins sûr : depuis des années nous sommes maintenant habitués aux signaux d’alerte multiples et aux controverses qui s’ensuivent : témoignages de cliniciens indépendants, faits divers et procès réglés par indemnisation aux EU, mises en garde des autorités après méta-analyses des données… Rien n’y fait : la prescription ne faiblit pas, ou presque. Et lorsqu’elle faiblit, de nouvelles forces se lèvent pour la relancer au moyen de campagnes d’information sur « la maladie », de la formation des médecins confiée aux visiteurs médicaux, bientôt peut-être de la publicité directe au consommateur en France.

Pourtant, en ce début d’année 2008, deux nouvelles informations défraient la chronique : d’abord le New England Journal confirme que les laboratoires ont systématiquement occulté les résultats négatifs de leur études cliniques, grâce à quoi ces nouveaux produits arrivent à peine à se montrer supérieurs au placebo. Ensuite une étude évoque la publication des chiffres suédois du suicide pour l’année 2006. On y apprend notamment que plus de la moitié de la totalité des suicides féminins comportaient une prescription d’antidépresseurs depuis au moins six mois ; ce qui remet en cause l’affirmation du rôle protecteur des antidépresseurs sur le suicide. Néanmoins, la psychiatrie suédoise refuse de considérer ces chiffres comme une base valable de discussion. Il est vrai que l’on pourra toujours affirmer que le chiffre des suicides aurait été encore plus important sans antidépresseurs.

 

Il y a aujourd’hui deux discours extrêmes qui s’affrontent : d’un côté, on proclame que les antidépresseurs préviennent le suicide et que le suicide, s’il survient sous traitement ne peut être dû qu’à ce qu’il est coutume d’appeler, en médecine : « l’histoire naturelle de la maladie » et en aucun cas un effet du médicament. Et, de l’autre on estime à la fois que les antidépresseurs sont inefficaces et qu’ils provoquent aussi de graves effets indésirables psychiques, tels le suicide. Les nouveaux antidépresseurs ont été « vendus » comme une panacée. Ce mythe semble avoir vécu. Mais alors, s’ils possèdent les mêmes effets indésirables que les anciens antidépresseurs, est-il vrai qu’ils sont, de plus, inefficaces ? Cela ne tient pas debout. L’affrontement de ces deux thèses extrême quant au rôle des antidépresseurs sur le suicide résulte, pour une part, de la séparation artificielle de l’efficacité et des effets indésirables. Et pour l’autre part de l’idéalisation du médicament, d’une sorte de substantialisme. Jadis, avant l’avènement des nouveaux antidépresseurs, l’effet indésirable psychique était tout simplement imputé à l’action même de l’antidépresseur, à ses vertus désinhibitrices. Cela ne faisait pas débat, et tous les praticiens admettaient le caractère hautement spécialisé de la prescription antidépressive, et la réservaient à la maladie dépressive la plus grave qui portait encore le nom de « mélancolie ».
Le manichéisme qui a installé l’idée d’une panacée pourrait aujourd’hui se retourner et conduire à rejeter les antidépresseurs en bloc. Philippe Douste-Blazy avait évoqué l’interdiction de la prescription aux mineurs fin 2004. Nous avions alors publié une tribune dans Le Monde pour prôner plutôt une attitude centrée sur la responsabilité des prescripteurs. Mais comment cette responsabilité peut-elle s’exercer dans une telle confusion ? Qui croire : le clinicien ou les statistiques ? Si le jugement individuel du clinicien est, par principe, disqualifié par la médecine des preuves, les méta-analyses ne se montrent, quant à elles, d’aucun secours : elles se succèdent et se contredisent au point qu’on ne voit pas ce qui pourrait venir mettre un point conclusif à cette série. Néanmoins la dissimulation des laboratoires est maintenant avérée, certains ont été condamnés, tous doivent publier toutes leurs études désormais (ils se limitent néanmoins à l’année 2000 ce qui, pour les antidépresseurs ISRS, de découverte plus ancienne, en ôte considérablement l’intérêt). Toujours est-il que, comme le dit la Chambre des communes britannique dans son rapport daté de 2005 sur l’influence de l’industrie pharmaceutique : « Industry has a bad name » : « l’industrie pharmaceutique a mauvaise réputation ». Mais je crois qu’on peut tout à fait continuer d’oublier à nouveau. On a bien oublié le marketing des benzodiazépines dans les années soixante. Est-ce que c’est un effet des benzodiazépines, elles-mêmes (qui ont une vertu amnésiante…) ? Dans son exposé du rapport de l’Office Parlementaire d’Evaluation des Politiques de Santé (OPEPS), « Le bon usage des psychotropes » et paru en juin 2006, le Pr. F. Rouillon, affirme que les tranquillisants (benzodiazépines) surconsommés en France, ne bénéficient pas de campagnes de promotion. Il en déduit que le rôle du marketing dans la consommation actuelle des antidépresseurs doit être relativisé. Or l’enquête des parlementaires britanniques, elle, a abouti au constat que les benzodiazépines ont bel et bien fait l’objet, à partir des années 60 jusque dans les années 80, de campagnes de promotion. Et ces campagnes vantaient leur absence d’effet d’accoutumance, en vue de leur prescription en lieu et place des barbituriques. L’histoire se répète. Pour éviter que les prochains psychotropes et les patients ne connaissent à nouveau les mêmes déboires, il faut examiner les raisons de ce que l’on peut appeler un échec et proposer un aggiornamento des pratiques qui nous y ont conduit.

 

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  • : VIOLENCES VECUES A L'HOPITAL PAR LES PATIENTS
  • : - Les violences morales : ordres, interdictions, reproches, indifférence, privation de visites, humiliation, infantilisation… - les violences par excès par négligences : absence de prise en compte de la douleur, acharnement thérapeutique, excès de médicaments… - les violences physiques : toilettes imposées, cris, gifles, sévices sexuels… - les violences matérielles : vols d’agent ou d’objets, matériel non adaptés… - le non-respect du consentement : cette question et ce
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