« D. Maraninchi: "Comme si ce n’était pas grave d’avoir des conflits d’intérêts..."
20/12/2011
Dans l'affaire des prothèses mammaires non conformes, - qui vont conduire prochainement les autorités sanitaires à demander aux 30 000 femmes qui en ont recues de se les faire enlever-, retour sur le point de départ. Il est unique.
Cela trainait, depuis un certain temps dans le milieu. La prothése PIP avait beau être la moins cher, il y avait quelques soucis. Les chirurgiens qui l’utilisaient pointaient de mauvais retours, et en particulier un nombre plus élevé de ruptures. «C’est la profession qui a fait ces signalement, et qui a alerté les autorités sanitaires», nous a raconté, ainsi, le professeur Lantieri, chef de service de chirurgie reparatrice au CHU Henri Mondor (Creteil).
Nous sommes en mars 2010. Ayant eu vent de ce nombre inattendu de ruptures, trois experts de l’AFSSAPS (Agence française de securité sanitaire des produits de santé) sont depéchés sur les lieux de production de la société PIP à la Seyne sur Mer. Ils y vont, travaillent discrétement, recoivent au passage quelques coups de téléphones anonymes qui leur donnent quelques idées. Des voix anonymes évoquent des circuits paralléles de production.
Par chance et tout à fait par hasard, ils tombent sur un drôle d’étiquettage qui renvoie vers des lots bizarres, qui se révélent non conformes. En particulier, les trois experts découvrent que le gel de silicone utilisé n’était pas celui qui était mentionné dans le dossier d’agréement: pour des raisons d’économie, l’entreprise utilisait un gel industriel. «Du jamais vu», avait réagi alors le directeur de l’évalution des dispostifs médicaux à l’AFSAPPS, le Dr Jean Claude Ghislain. «C’est assez invraisemblable», note aujourd’hui le professeur Dominique Maraninchi, président de l’AFSSAPS. «Il semble qu’ils ont trafiqué depuis le début, c’est à dire depuis 10 ans. Ils gardaient un double circuit de production et de facturation». L'entrerpise aurait réusssi à économiser 1 million d’euros.
Trés vite donc, après cette inspection, les autorités sanitaires décident la suspension de la mise sur le marché de ces prothèses. Une enquête préliminaire est ouverte par le parquet de Marseille, en mars 2010. Les cadres de l’entreprise ont été entendus. Certains sont placés en garde à vue, dont Jean-Michel Mas, fondateur et président du conseil de surveillance de PIP, placée depuis en liquidation judiciaire.
Aujourd’hui, ils ont tous disparu. Sans laisser d’adresse. L'entreprise n'existe plus. Le dossier judiciiare a été relancé par une plainte, le parquet de Marseille ayant ouvert une information judiciaire pour «homicide involontaire contre un fabriquant de prothèses», aprés la mort d’au moins une femme, Edwige Ligoneche (53 ans) décédée d’un lymphome, qui pourrait avoir été causé par le gel issu des prothèses.
«C’est un gel pourri, on ne sait pas ce que cela donne», conclut Dominique Maraninchi. "Il faut surveiller au plus près".
E.F.