Le Dr Clive Ballard du Centre Wolfson des Maladies Liées à l’Âge du Collège Royal de Londres et ses collègues sont les premiers chercheurs à documenter les données d’une étude de longue durée sur les patients atteints de la maladie d'Alzheimer recevant des antipsychotiques. Ils ont suivi 165 personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer, âgées de 67 à 100 ans, résidant dans quatre établissements du Royaume-Uni entre 2001 et 2004. La prise, soit d’antipsychotiques (thioridazine, chlorpromazine, halopéridol, trifluorperazine, ou rispéridone), soit d’un placebo oral, a été assignée au hasard aux malades.
Au bout d’un an, 70% survivaient dans le groupe sous antipsychotiques, contre 77% dans le groupe témoin, prenant un placebo. Mais, deux ans après, une bien plus grande différence est apparue dans le taux de mortalité. 46% survivaient dans le groupe sous antipsychotiques et 71% dans le groupe témoin. Trois ans après, la différence était encore plus accablante. À peine 30% des malades sous antipsychotiques étaient encore en vie, alors que près de 60 pour cent de ceux sous placebos, des substances inertes, sans activité médicamenteuse, étaient toujours en vie. Quand les scientifiques ont calculé le taux de mortalité des patients atteints de la maladie d'Alzheimer pendant toutes les années, ils ont constaté qu'il était 42% plus bas dans le groupe témoin que dans le groupe sous antipsychotiques.
Quels sont donc les effets secondaires des médicaments sur les gens atteints de la maladie d'Alzheimer ? Spécifiquement, ils ont trouvé une hausse du taux des maladies de Parkinson, des sédations, des œdèmes, des infections pulmonaires, des accidents vasculaires cérébraux et des décès. Ceux sous antipsychotiques ont aussi connu un déclin accéléré de leurs fonctions cérébrales. Dans une déclaration publiée dans les médias, les scientifiques ont déclaré que leur étude met en évidence la nécessité de chercher des traitements moins nocifs pour les patients atteints de la maladie d'Alzheimer qui présentent des symptômes neuropsychiatriques.
Les chercheurs ont déclaré : « Nos données apportent de graves problèmes de sécurité supplémentaires concernant l'utilisation à long terme des antipsychotiques dans cette population, et les cliniciens devraient certainement essayer de remplacer ces molécules par des méthodes de prise en main plus sûres. Plusieurs études ont montré que la prise en main psychologique peut remplacer la thérapie antipsychotique sans aggravation sensible des symptômes neurologiques ... Notre avis est qu'il y a toujours une place importante, mais limitée pour les antipsychotiques atypiques dans le traitement des manifestations neuropsychiatriques graves de la maladie d'Alzheimer, en particulier pour l'agressivité. Toutefois, l'accumulation des problèmes de sécurité, notamment l'importante augmentation de la mortalité sur la durée, met l'accent sur le besoin urgent de mettre fin à ces prescriptions inutiles et prolongées. »