Depuis la plainte d'une jeune femme, la polémique sur les risques des pilules contraceptives de 3e et 4e génération ne cesse d'enfler. Le débat fait sortir Elizabeth Paganelli de ses gonds. Pour cette gynécologue expérimentée, qui préside le Collège de gynécologie Centre Val de Loire et assure le secrétariat général du collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNgof), « ce type d'accidents existe depuis toujours, même avec des pilules de 2e génération. La population a cru que les risques avaient diminué… et les médecins n'ont pas été assez alertés par la Haute autorité de santé ».
Des accidents imputables à la pilule, elle en a eu plusieurs fois connaissance après coup, en tant que spécialiste. Thrombose d'une veine cérébrale, provoquant un AVC et une hémiplégie, embolies pulmonaires… Le dernier accident qu'elle relate remonte seulement à l'an dernier : une patiente fumeuse de 51 ans, sous anneau contraceptif (Nuvaring), est venue la consulter après voir fait un infarctus, une phlébite et une embolie pulmonaire. « Personne n'avait fait le rapprochement avec sa contraception ».
Les patchs contraceptifs et les anneaux aussi
Elizabeth Paganelli est formelle : les patchs contraceptifs et les anneaux, également très utilisés, peuvent présenter les mêmes risques que les pilules de 3e et 4e générations et, chez certaines femmes, occasionner une hyper coagulation sanguine. « Il faut que les jeunes filles connaissent leurs antécédents familiaux pour bien répondre au questionnaire, indispensable avant toute prescription de contraception ».
Il faut aussi que tous les médecins prescripteurs connaissent ces risques. Et là, la gynécologue enfonce le clou contre l'HAS. « En matière de contraception, les dernières recommandations remontent à 2004. Les risques sont noyés dans un flot de blabla sur la consultation. Depuis 8 ans, il y a eu bien des études – en anglais, jamais traduites – et des pilules nouvelles : l'HAS n'a pas donné de nouvelles consignes ».
Confrontés à l'information commerciale des visiteurs médicaux, les médecins doivent pouvoir réfléchir. « Ces commerciaux font leur travail, mais les médecins, c'est nous. C'est le rôle de l'Etat de nous former ».
Quant au déremboursement de ces contraceptifs dès le mois de mars, la gynécologue estime que « c'est une réponse politique à à un problème médical. Ce n'est pas comme ça qu'on éduque une population ». Elle déplore par ailleurs que plusieurs mutuelles, qui proposent des remboursements forfaitaires pour ces contraceptifs, en vantent parfois les mérites sans référence médicale.