Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
9 janvier 2012 1 09 /01 /janvier /2012 15:36

            Cette catégorie de drogues inclut les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) tels que le Prozac, le Zoloft, le Celexa, le Paxil et le Luvox (approuvé par le FDA pour les troubles obsessifs-compulsifs). L'Effexor peut entraîner des réactions semblables à ces produits de même qu'aux antidépresseurs tricycliques.

            À la fin de 1996, « parce que les syndromes d'arrêt sont rapportés plus fréquemment dans la littérature », un panel d'experts en psychiatrie commandité par Eli Lilly (le manufacturier de Prozac) s'est rencontré pour discuter des syndromes de sevrage des ISRS. Le panel a constaté que plusieurs des réactions rapportées « sont semblables à celles du sevrage des tricycliques, mais une variété de nouveaux symptômes sont aussi associés à la cessation de la thérapie ISR ». Les nouveaux symptômes incluent « des problèmes d'équilibre, des anormalités sensorielles et un comportement agressif et impulsif possible ».

            Le panel a constaté que le syndrome d'arrêt des ISRS inclut un ensemble de symptômes physiques fréquemment rapportés: 1) déséquilibre (par exemple, étourdissement, vertige et ataxie); 2) des symptômes gastrointestinaux (p. ex. nausée, vomissements); 3)des symptômes semblables à la grippe (p. ex. fatigue, léthargie, myalgie, frissons); 4) des troubles sensoriels (p. ex. acouphène, sensations de brûlures, sensations de chocs électriques), et 5) troubles du sommeil (p. ex. insomnie, rêves réalistes).

            Le panel a aussi noté deux « symptômes psychologiques majeurs » du sevrage des ISRS - anxiété/agitation, crises de larmes «dramatiques» et irritabilité - de même que de l'hyperactivité, de la dépersonnalisation, des difficultés de concentration ou des pensée plus lentes, mauvaise humeur, confusion, problèmes de mémoires et mouvements anormaux.

            Sur la base de cette information recueillie par le panel et des études récentes, nous avons constaté qu'à l'instar du sevrage des tricycliques, il y avait un vaste éventail de symptômes associés au syndrome de sevrage des ISRS. En voici quelques exemples:

            Un homme de 32 ans qui cessa de prendre du Prozac après six mois d'usage se réveilla avec des « spasmes musculaires douloureux » et « des mouvements tendus de la langue ». Une femme de 31 ans tenta de cesser de prendre du Luvox lorsqu'elle tomba enceinte mais « fut envahie par de forts sentiments d'agression (elle sentait qu'elle pouvait tuer quelqu'un) ». Cela s'est produit à deux occasions distinctes de tentatives de sevrage. Cette femme fut incapable de cesser de prendre le Luvox.

            L'un d'entre nous a rapporté un «crashing» lors du sevrage des ISRS. Une femme décida spontanément de réduire sa dose de Zoloft de 100 mg à 50 par jour. En quelques jours, elle tomba dans un état de « fatigue et d'épuisement, de dépression profonde et dans un désir étrange et compulsif de se suicider ». Tous ces symptômes disparurent rapidement après qu'elle rétablit la dose à 100 mg. Dans une autre publication, nous avons décrit une jeune femme qui devint suicidaire lorsqu'elle cessa de prendre du Prozac.

            Dans deux cas impliquant des hommes d'âge moyen, sans historique de problèmes psychiatriques majeurs, le sevrage du Paxil mena à des symptômes graves. Pendant douze jours après un arrêt brusque du médicament, l'un éprouva de l'hypomanie marquée. Le deuxième développa une variété de symptômes physiques, ensuite commença  à exprimer des pensées homicidaires - un état qui dura cinq semaines.

            Un rapport décrit trois patientes qui éprouvèrent « des symptômes physiques graves de sevrage » lorsqu'elles arrêtèrent l'Effexor. L'Effexor n'est pas un ISRR, mais comme ce  dernier, il stimule la sérotonine. Ces femmes ne purent arrêter la médication même après des tentatives répétées de diminution graduelle. Ces patientes ont pu finalement cesser de prendre de l'Effexor seulement en lui substituant le Prozac.

            Après trois mois de prise de Prozac, une jeune femme tenta sans succès de s'en sevrer à trois reprises. À chaque fois, elle éprouva des étourdissements extrêmes et de l'instabilité. Elle fut examinée par des spécialistes qui commandèrent plusieurs tests, incluant des tests de résonance magnétique (TRM) du cerveau. Les résultats étaient négatifs. Les symptômes étaient soulagés à chaque fois en reprenant du Prozac, mais aucun de ses médecins ne soupçonnèrent des réactions de  sevrage. Un sevrage graduel de 12 semaines a finalement réussi.

            Une femme de 32 ans a pris 300 mg d'Effexor quotidiennement pendant huit mois. Elle tenta de s'en sevrer abruptement à trois occasions mais échoua à cause de migraines intolérables, de troubles gastrointestinaux, fatigue et autres symptômes. « Elle demeure sur un régime de venlafaxine [Effexor], 100 mg t.i.d.». Un homme sevré de l'Effexor éprouva « une grave akathisie » (compulsion de bouger). Cet état s'atténua « en quelques heures » après avoir pris une nouvelle dose. Ce n'est que plus tard que l'homme fut graduellement sevré.

            Dans un long article sur les difficultés du sevrage d'antidépresseurs et sur un site Web racontant ses appels incessants aux autorités britanniques au sujet de la sécurité des médicaments, le journaliste Charles Medawar résume plusieurs rapports traitant des réactions de sevrage des ISRS et le fait que peu de médecins rapportent  ces réactions, de même que les réponses évasives des agences gouvernementales et des fabricants. Parmi cette cinquantaine de rapports datés de 1988 à 1998, plusieurs notaient des symptômes de sevrage distincts observés chez des nouveau-nés dont les mères prenaient du Prozac, du Paxil ou du Zoloft en cours de grossesse.

            Les réactions de sevrage affectent entre 15 et 80 % des personnes qui cessent les ISRS abruptement. Sur la base d'un estimé conservateur que 50 % des individus souffrent de réactions de sevrage, nous devrions conclure que des centaines de milliers de personnes en sont affectées à chaque année aux États-Unis seulement. La plupart de ces réactions sont faibles ou modérées mais suffisamment troublantes pour que les patients veuillent les éviter. Peu d'estimés valides de réactions graves existent : des taux de 20-30% ont été rapportés lors d'un récent symposium.

            Des réactions au sevrage des ISRS se produisent typiquement un à quatre jours après cessation, bien qu'elles peuvent commencer des semaines plus tard dans le cas de produits à demi-vie longue tels que le Prozac. En moyenne, les réactions peuvent persister pendant une période de sept à 25 jours (de 1 journée à 13 semaines). Jusqu'à maintenant, aucune relation n'a été observée entre la dose et la durée de l'usage, d'une part, et d'autre part, sur les risques des réactions au sevrage.

            Les réactions au sevrage des ISRS impliquent plusieurs symptômes physiques et émotionnels, dont l'éventail complet n'a certes pas été décrit. Ils se produisent  à la fois lors d'un arrêt brusque et lors d'un sevrage graduel mais semblent s'atténuer  lors d'un véritable sevrage graduel, qui dure de deux à trois mois. Selon notre estimation toutefois le sevrage abrupt est trop fréquent, qu'il soit sous supervision médicale ou non.

            Les réactions au sevrage semblent être plus fréquentes - oui du moins plus aiguës - dans le cas des ISRS à demi-vie courte tels que le Paxil, le Luvox et le Zoloft. Les réactions au sevrage des produits à effet prolongé comme le Prozac semblent apparaître beaucoup plus tard. Elles peuvent n’apparaître que 25 jours après l'arrêt. Parce que les réactions se produisent si tardivement, elles ne sont pas visibles dans les études à court terme; de plus, les patients ont tendance à ne pas attribuer ces réactions à la cessation de la médication.

            Comme l'ont souligné Lejoyeux et Adès (1997), « les patients qui sont classés comme étant en rechute lorsqu'ils arrêtent la thérapie pharmacologique peuvent en fait souffrir de symptômes non remarqués de sevrage de la médication ». Tel que déjà mentionné, le panel d'experts d'Eli Lilly a constaté que « des crises de larmes dramatiques sont un symptôme psychologique majeur » du sevrage des ISRS. Il n'est pas étonnant que l'on confonde cette réaction avec une rechute de dépression. On ne sait pas combien de patients sont remis sur des antidépresseurs parce qu'ils souffrent de réactions de sevrage et sont mal diagnostiqués comme étant en rechute de dépression - toutefois, le nombre est sans doute important.

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : VIOLENCES VECUES A L'HOPITAL PAR LES PATIENTS
  • : - Les violences morales : ordres, interdictions, reproches, indifférence, privation de visites, humiliation, infantilisation… - les violences par excès par négligences : absence de prise en compte de la douleur, acharnement thérapeutique, excès de médicaments… - les violences physiques : toilettes imposées, cris, gifles, sévices sexuels… - les violences matérielles : vols d’agent ou d’objets, matériel non adaptés… - le non-respect du consentement : cette question et ce
  • Contact

Présentation

Recherche

Archives

Liens