Troubles du sommeil, contrariétés, stress important… Avant 65 ans, 1 Français sur 10 prend régulièrement des somnifères.
La France est ainsi en tête de la consommation mondiale ! Un palmarès qui pose problème quand on connaît tous les risques associés la prise de ces médicaments. Les explications du Dr Sylvie Royant-Parola, psychiatre et spécialiste du sommeil.
"Les hypnotiques ont des effets myorelaxants, c'est-à-dire qu'ils abaissent le tonus musculaire" explique le Dr Sylvie Royan-Parola. "C'est pourquoi ils peuvent provoquer un dysfonctionnement de la régulation respiratoire et donc aggraver des apnées du sommeil existantes ou favoriser leur survenue." Autre conséquence en chaîne, les apnées modifient les pressions thoraciques qui peuvent accentuer un reflux gastro-œsophagien.
Des études ont montré que la consommation de benzodiazépines est associée à une augmentation de la survenue de maladie d'Alzheimer. "Cependant cela ne prouve pas qu'il y ait un lien de cause à effet, plusieurs autres facteurs peuvent être liés. Il pourrait en effet y avoir par exemple une corrélation entre le sommeil fractionné et une prédisposition à cette pathologie. En revanche, il est bien établi que la prescription de ces médicaments aggrave les symptômes de la maladie et ac
"On constate que les prescriptions d'hypnotiques augmentent avec l'âge. 30% des plus de 65 ans en consomment. Or, ces traitements exacerbent les problèmes de mémoire, diminuent réellement la vigilance ce qui augmente les risques d'accidents domestiques (casseroles oubliées sur le feu par exemple ou chute) mais surtout entraînent des vertiges à l'origine de chutes" explique le Dr Sylvie Royan-Parola.
En février 2012, une étude américaine (1) montrait que les risques de mortalité, notamment par cancer, étaient quatre fois plus élevés chez les consommateurs de somnifères (benzodiazépines et barbituriques). Si les dangers liés aux benzodiazépines et aux barbituriques sont avérés, l’étude doit quand même être prise avec des pincettes. "Elle se basait sur un fichier de données de santé qui, pour des raisons de confidentialité, ne donne pas accès aux diagnostics de dépression, d'anxiété et de stress, causes fréquentes de prescriptions de benzodiazépines et pouvant être impliquées dans les complications observées. On ne pouvait donc pas savoir si les médicaments avaient directement provoqué la mortalité ou si celle-ci était liée à d'autres facteurs souligne le Dr Sylvie Royant-Parola, spécialiste du sommeil.
Sur autoroute, la somnolence est la cause d'un accident mortel sur trois. D'après une étude de l'Inserm de Bordeaux (2), les médicaments psychoactifs (hypnotiques en tête) seraient responsables de 3,3% de la totalité des accidents en France. "Parmi les effets secondaires de ces produits, on observe la baisse de la vigilance, des réflexes et de la concentration dans la journée" confirme le Dr Sylvie Royan-Parola.
(2)Etude du Dr Emmanuel Largarde de l'équipe 357 de l'INSERM de Bordeaux, parue dans Journal of Clinical Psychiatry.