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Selon un livre écrit par deux professeurs de médecine, 50 % des médicaments sont inefficaces et 5 % d'entre eux seraient dangereux. © Gilles Michel / Sipa
Bernard Debré, député UMP de Paris, et Philippe Even, directeur de l'Institut Necker, affirment dans un livre, dont le Nouvel Observateur révèle jeudi les bonnes feuilles, qu'un médicament sur deux est inutile.
Le Guide des 4 000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux est "un livre d'information, pas d'opinion", assure le professeur Even dans une interview vidéo au Nouvel Observateur. Il a écrit en 2011 avec Bernard Debré un rapport au vitriol dans l'affaire du Mediator. L'ancien doyen de la Faculté de médecine de Paris lance une nouvelle charge contre l'industrie pharmaceutique, qualifiée de "la plus lucrative, la plus cynique, la moins éthique de toutes les industries". Selon le professeur Even, pour régler le problème du manque d'argent dans le domaine de la santé et du déficit de l'Assurance maladie, "il suffit de retirer du marché les médicaments dangereux, inutiles ou inefficaces".
Le livre recense ainsi, selon l'hebdomadaire, "50 % de médicaments inutiles, 20 % de mal tolérés, 5 % de potentiellement très dangereux, mais, incroyable paradoxe, 75 % sont remboursés". Le professeur Even s'en prend tout particulièrement aux statines, les médicaments contre le cholestérol, "avalés par 3 à 5 millions de Français", qui coûtent "à la France 2 milliards d'euros par an" et qu'il juge "complètement inutiles".
Liste noire
Le Nouvel Observateur a mis par ailleurs en ligne "la liste noire des médicaments dangereux", qui comprend des médicaments cardio-vasculaires, des anti-inflammatoires, des pilules contraceptives, etc. L'industrie pharmaceutique (Leem) a dénoncé de son côté "amalgames et approximations" dans ce "énième réquisitoire de Bernard Debré et Philippe Even". Ce livre "contribue à alarmer inutilement les malades et risque de les conduire à arrêter de leur propre chef des traitements pourtant adaptés aux maladies dont ils souffrent", a déclaré le Leem, la fédération professionnelle des industriels du médicament, mercredi soir dans un communiqué.
Bernard Debré et Philippe Even s'étaient vu confier par l'ancien président Nicolas Sarkozy une mission après l'affaire du Mediator et lui avaient remis en mars 2011 un rapport au vitriol sur la réforme du système du médicament. Les deux professeurs estimaient notamment que l'affaire du Mediator était "beaucoup plus qu'un accident isolé".
"Que nous consommions trop de médicaments dans notre pays, c'est tout à fait évident", a réagi jeudi sur Europe 1 Roselyne Bachelot, ancienne ministre de la Santé. "De toutes les façons, les laboratoires qui demandent les autorisations sont obligés de s'appuyer sur des études d'efficacité qui méritent d'être revisitées, a ajouté l'ancienne ministre. On a aussi tendance dans notre pays à prescrire les nouvelles molécules, alors que des molécules plus anciennes (...) pourraient être utilisées."