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21 novembre 2012 3 21 /11 /novembre /2012 18:35

 

 

De 1976 à 2009, 145 millions de boîtes du médicament Mediator ont été vendues et plus de 5 millions de personnes en ont consommé.

Une victime présumée du Mediator a déposé plainte devant la Cour de justice de la République (CJR) contre quatre anciens ministres de la santé en poste entre 1993 et 2007, leur reprochant de ne pas avoir retiré le médicament du marché, a annoncé mercredi son avocat.

Cette plainte vise Philippe Douste-Blazy, Bernard Kouchner, Jean-François Mattei et Xavier Bertrand, selon la plainte de Me Xavier-Philippe Gruwez. La victime estime que ces ministres auraient eu "le pouvoir d'arrêter la mise sur le marché de ce médicament dès la date où les données acquises de la science ont établi qu'il présentait de graves dangers pour la santé", précise la plainte.

 

La recevabilité de la plainte de cette victime doit être étudiée par la commission des requêtes de la CJR, premier filtre avant d'être éventuellement examinée par la commission d'instruction.

Le Mediator, qui contient une molécule coupe-faim, le benfluorex, a été indiqué pendant trente ans, d'abord contre l'excès de graisses du sang, puis comme traitement adjuvant chez les diabétiques en surpoids, avant d'être retiré du marché le 30 novembre 2009.

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17 novembre 2012 6 17 /11 /novembre /2012 19:18
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Après l’arrestation, vendredi dernier, de neuf cardiologues accusés d’avoir implanté des appareils défectueux sur des patients, la communauté scientifique italienne est sous le choc. Durant le week-end, le ministre de la Santé, Renato Balduzzi, est intervenu sur la question en parlant de « phénomène grave mais marginal ». Une estimation contestée par les associations de consommateurs qui brandissent les comptes-rendus des multiples scandales qui ont entaché la Santé durant les deux dernières années.

L’enquête, intitulée « blouses sales » par le parquet de Modène en charge du dossier, a levé le voile sur une organisation aux rouages bien huilés dirigée par Giuseppe Sangiorgio. Considéré comme le cerveau de la bande, ce cardiologue spécialisé en hémodynamique avait été relevé de ses fonctions l’an dernier par le centre d’hospitalisation qui lui reprochait des pratiques peu orthodoxes. Contrairement à ses collègues qui ont obtenu les arrêts domiciliaires, ce spécialiste a été placé sous les verrous.

De multiples complicités

Salariés par la polyclinique de Modène, l’hôpital le plus réputé de la ville, les neuf cardiologues sont accusés d’avoir implanté des appareils souvent défectueux sur des malades et fraudé la sécurité sociale. Mais selon les enquêteurs, ils n’auraient pas agi seuls. De fait, 70 personnes et 12 sociétés, dont la moitié implantées à l’étranger et spécialisées dans la fourniture d’appareils médicaux, sont impliquées dans ce scandale. À titre préventif, les sociétés viennent d’être interdites de participation aux appels d’offres organisés par l’administration publique italienne.

L’enquête a démarré en janvier 2011, suite à plusieurs plaintes déposées par l’association de consommateurs, « Amici del Cuore », amis du cœur. Des plaintes faisant état de pratiques médicales inusuelles, de dossiers cliniques manipulés ou carrément portés disparus. Et aussi de décès « étranges » notamment dans le cas de quatre patients.

Recherches frauduleuses et pots-de-vin

Les enquêteurs se concentrent actuellement sur un volet concernant des expérimentations non autorisées effectués avec des appareils sanitaires également non autorisés. Des tests dont les résultats étaient communiqués aux sociétés privées qui leur versaient en échange de copieux pots-de-vin. Les médecins qui publiaient ponctuellement les résultats de leurs recherches dans des revues médicales touchaient aussi des compensations économiques.

Pour l’heure, l’enquête suit son cours avec, notamment, la publication des comptes-rendus savoureux et sordides de quelques écoutes téléphoniques. « J’ai mis au point un système sans faille. Je prélève discrètement de l’urine sur des patients déjà équipés d’un cathéter. Ni vu, ni connu et en attendant, je me fais un paquet de fric en publiant mes recherches ! », se vantait, en mars dernier, le cardiologue Vincenzo Luigi Politi placé sous écoute téléphonique. « J’ai empoché cinquante mille euros sans trop me fatiguer et en faisant des fausses factures à l’ONG », affirmait, pour sa part, Alessandro Aprile, cardiologue dans le laboratoire d’hémodynamique de Modène.

L’ordre des médecins de la région de l’Emilie-Romagne a déjà laissé entendre que les neuf spécialistes pourraient être radiés à vie. Mais ce nouveau scandale qui frappe de plein fouet la Santé publique, déjà ébranlée par de multiples affaires de pots-de-vin, pourrait donner lieu à de nouvelles inspections au niveau national.

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11 novembre 2012 7 11 /11 /novembre /2012 12:09

Infographie_mediator-Infographie_mediator- Qu'y a t-il sous le Mediator ? Quelles logiques des relations entre recherche publique et laboratoires privés, quels dysfonctionnements du système scientifique, quelle responsabilité des industriels de la pharmacie.

Le texte que je publie ci-dessous aborde ces questions. Il m'a été envoyé par la sociologue Brigitte Chamak et le journaliste Laurent Lefèvre.

 Si les médicaments inventés au 20ème siècle ont joué un rôle important dans le recul des maladies et le progrès de l'espérance de vie en bonne santé, l'industrie qui a surgi de la biologie moderne s'est coulée dans le moule du profit capitaliste. Elle a développé des pratiques néfastes, comme l'expliquent les deux auteurs.

Voici leur texte:

«Dans le premier procès du Mediator qui a été reporté à décembre dès son ouverture à Nanterre, le groupe Servier et son fondateur seront jugés pour des faits de « tromperie aggravée ». Alors que Servier est soupçonné d’avoir dissimulé les effets secondaires d’un autre médicament, le Protelos (1), ces pratiques se révèlent très répandues, au point de faire partie du modus operandi des laboratoires. Comment les entreprises pharmaceutiques réussissent-elles à promouvoir leurs médicaments malgré des effets secondaires nocifs ? Comment les médecins sont-ils influencés ?

Gonfler le facteur d’impact

Pour apparaître en premier lorsqu’un scientifique ou un médecin effectue une recherche sur une base de données bibliographique comme Pub Med, les entreprises pharmaceutiques sollicitent les services de sociétés d’informations médicales, afin de diffuser les articles scientifiques qui vont dans le sens de leurs intérêts. Créées à New York au début des années 1990, ces sociétés s’appuient sur un système de distribution très efficace. Elles rédigent des articles scientifiques, conduisent des méta-analyses et organisent des conférences de consensus qui permettent à leurs clients d’atteindre leurs objectifs stratégiques (2). Les auteurs d’articles produits par ce type d’agences sont trois fois plus cités et les résultats sont publiés dans des revues à facteur d’impact supérieur.

Positiver les résultats

Pour donner l’impression de résultats encore plus positifs, les labos pharmaceutiques omettent de publier les données négatives. C’est notamment le cas des trois quarts des articles produits par les agences. Cette sélection de publication des essais cliniques a été mise au jour en 2008 par le New England Journal of Medicine (3), qui a analysé les 74 études sur des antidépresseurs enregistrées par la Food and Drug Administration (FDA). La quasi-totalité des études produisant un résultat positif ont été publiées (37 sur 38), alors que seulement 8 % de celles qui présentent des résultats négatifs l’ont été (3 sur 36). Les articles affichent un score presque parfait (94 % d’essais avec un résultat positif), alors que la FDA montre que seulement 51 % d’entre eux sont effectivement positifs. Selon une analyse suédoise sur les inhibiteurs de recapture de la sérotonine, les essais positifs ont trois fois plus de chance d’être publiés que les résultats négatifs, ce qui induit un biais majeur dans l’évaluation de l’efficacité d’un agent thérapeutique (4).

Freiner l’innovation et stimuler les prix

La FDA a estimé que 76 % des nouveaux agents thérapeutiques, homologués entre 1989 et 2000, présentent de très modestes innovations par rapport aux traitements déjà existants, alors que leur prix moyen était deux fois plus élevé (5). Cette panne de l’innovation associée à un dérapage des prix a été confirmée en France par la revue Prescrire, en janvier 2008, à partir d’un bilan des médicaments psychotropes sur cinq ans.

Minimiser les effets secondaires

En 1998, une méta-analyse du Journal of the American Medical Association estimait que 106 000 patients américains hospitalisés seraient morts en 1994 suite aux effets secondaires des médicaments (6). En France, le nombre de décès dus aux médicaments se situe entre 8 000 et 13 000 par an et le nombre d’hospitalisations imputables aux médicaments s’élève à plus de 130 000 (7). Les exemples de sous-estimation des effets secondaires se multiplient dans le domaine de la psychiatrie et les affaires du Médiator, de la cérivastatine, et du Viox ont défrayé la chronique.

Influencer les médecins

Pour influencer les prescripteurs, l’industrie pharmaceutique compte sur la force de persuasion des visiteurs médicaux et sur les journaux scientifiques et médicaux qu’elle finance. En Angleterre, une étude a établi que les médecins généralistes qui voient des visiteurs médicaux au moins une fois par semaine ont davantage tendance à prescrire de nouvelles molécules. Pas toujours adaptés à la situation, ces médicaments accroissent le coût des dépenses de santé (8).

Bien que la plupart des médecins ne pensent pas être influencés par les visiteurs médicaux et les cadeaux des entreprises pharmaceutiques, ils estiment que leurs collègues le sont ! Une étude réalisée en 2000 confirme que ces cadeaux augmentent le taux et les coûts des prescriptions, ce qui se traduit par les effets négatifs sur la santé des patients (9).

Dès leur formation, les étudiants en médecine sont en contact avec les visiteurs médicaux et subissent la pression de l’industrie pharmaceutique, sans en prendre réellement conscience : moins de la moitié (46 %) d’entre eux trouve inacceptable de recevoir des cadeaux des laboratoires pharmaceutiques, alors que 85 % jugent inadmissible que des politiciens acceptent des cadeaux de la part des entreprises (10).

Pénétrer au cœur des agences

Un autre mode d’influence de l’industrie pharmaceutique consiste à pénétrer au cœur même des agences comme la FDA. Certains de ses employés ont intégré l’agence, après avoir commencé leur carrière dans l’industrie. Puis ils y retournent pour finir leur parcours à un poste supérieur à celui occupé précédemment. Dénommé revolving door, ce va-et-vient est une porte ouverte à bien des abus ! En France, le professeur Jean-Michel Alexandre, consultant pour l’industrie depuis 2001, a été président de la commission d'autorisation de mise sur le marché (AMM) de 1985 à 1993 puis responsable de l'Agence du médicament (devenue Afssaps en 1999) de 1993 à 2000. Entre 2001 et 2009, il a reçu près de 1,2 million d’euros de la part des laboratoires Servier (Le Figaro, 19 décembre 2011). Dans le dossier du Médiator, la responsabilité de cet expert a été pointée par le rapport de l’Inspection générale des affaires sociales en janvier 2011.

Cibler les associations de patients

Les associations de patients constituent des cibles de choix pour les entreprises qui souhaitent développer les ventes de leur nouvel agent thérapeutique. Financées par l’industrie, les campagnes d’éducation aux patients se développent, et certaines associations reçoivent des sommes importantes, notamment aux Etats-Unis. Entre 1989 et 1995, l’association américaine de parents d’enfants présentant hyperactivité et déficit d’attention (CHADD) a perçu plus de 800 000 dollars de Ciba-Geigy qui commercialisait la Ritalin®. En 2000, CHADD, Novartis (issu de la fusion en 1996 de Ciba-Geigy et de Sandoz) et l’American Psychiatry Association (APA) ont été accusés de faire la promotion du diagnostic d’hyperactivité et de son traitement par la Ritalin®, un psychostimulant amphétaminique (11).

Financer la recherche biomédicale

Financer et promouvoir des recherches qui vont dans leur sens constitue la règle du jeu fixée par les entreprises pharmaceutiques. Par exemple, un laboratoire de neuropharmacologie qui analyse les troubles mentaux comme des dysfonctionnements du cerveau, défini comme un système régulé par des neurotransmetteurs, aura davantage de chance d’être financé. Envisager un problème de santé mentale en termes de molécules revient, de fait, à le traiter par des médicaments. Financer de préférence ces laboratoires et les associations qui adoptent ce point de vue consolide un phénomène auto-entretenu qui relègue au second plan les composantes sociales, économiques et culturelles.

Aux États-Unis, l’industrie pharmaceutique finance près des deux tiers de la recherche biomédicale. Sa contribution a pratiquement doublé entre 1980 et 2000 (de 32 à 62 %), alors que celle du gouvernement fédéral a fortement diminué. Les chercheurs qui reçoivent des financements des entreprises ont 5 fois plus tendance à trouver des résultats positifs, surtout lorsqu’il s’agit d’essais cliniques (12). « Quand les entreprises pharmaceutiques financent la recherche et le développement dans le secteur de la santé aux États-Unis, elles ont clairement le pouvoir, non seulement, de déterminer les nouveaux produits de développement mais aussi de façonner les modes de pensée qui organisent les réponses apportées à la santé mentale et aux maladies mentales », souligne le sociologue Nikolas Rose.

Fabriquer des maladies et des malades

En se focalisant sur les comportements et en élargissant les critères diagnostiques du syndrome bipolaire, de l’autisme, de l’hyperactivité, des phobies sociales…, les nouvelles classifications américaines et internationales des maladies (DSM-IV et CIM-10) ont modifié la façon de penser les pathologies mentales. Publiées au milieu des années 1990, ces classifications ouvrent ainsi des débouchés aux médicaments psychotropes. Pour l’industrie pharmaceutique, cette fabrication de maladie (disease mongering) est un bon moyen de récupérer de nouveaux clients (13).

Pour assurer la promotion en Australie de son antidépresseur censé traiter la phobie sociale, le service de relations publiques de Roche a affirmé que plus d’un million d’Australiens en souffraient – pratiquement trois fois moins selon les données gouvernementales disponibles en 1997. Affirmant que beaucoup n’étaient pas encore diagnostiqués, cette campagne marketing a impliqué un travail avec un groupe de patients et le financement d’une grande conférence sur la phobie sociale (14). Aux États-Unis, son taux de prévalence a pratiquement triplé entre 1980 et 1994 (de moins de 5 à plus de 13 %). Les dernières statistiques annoncent que plus d’un Américain sur huit serait touché.

Alimenter des conflits d’intérêts

En juin 2008, une enquête du Congrès américain a révélé les liens entre chercheurs et entreprises pharmaceutiques. Joseph Biederman, Timothy Wilens et Thomas Spencer, trois pédopsychiatres de Harvard, ont été soupçonnés de ne pas avoir déclaré toutes les sommes qu’ils ont reçues de l’industrie. Impliquant des psychiatres qui ont participé à la redéfinition des pathologies mentales et aux essais cliniques favorables aux antipsychotiques de seconde génération, ces conflits d’intérêts remettent en cause les essais publiés entre 2001 et 2006.

Des travaux en sciences sociales ont confirmé que lorsque les individus tentent d’être objectifs, leur jugement est soumis à des biais inconscients et non intentionnels (15). Les incitations financières altèrent le jugement, et les petits avantages ne sont pas moins susceptibles d’influencer les individus. Quand un chercheur a intérêt à trouver des résultats positifs, le poids des arguments est biaisé sans qu’il en soit généralement conscient. Et les incitations sont nombreuses pour les médecins et les scientifiques : invitations à des repas et des colloques, distribution d’échantillons gratuits, financements des essais cliniques, rétributions en tant que consultants, intervenants ou conseillers, visibilité médiatique et reconnaissance institutionnelle accrue.

Indépendance à reconquérir

Voté en 1980 pour favoriser la collaboration entre chercheurs et industrie, le Bayh-Dole Act a précédé de près de vingt ans la loi française sur l’innovation. Les conditions de croissance économiques associées aux Trente Glorieuses ont permis à la recherche de prôner son indépendance vis-à-vis du monde des « affaires ». Depuis le début des années 1980, les crises économiques et les déficits publics ont remis la question des relations entre les chercheurs et l’industrie à l’ordre du jour.

Que les compagnies pharmaceutiques cherchent à réaliser des profits n’étonne personne. Elles veulent vendre leurs produits en grande quantité et étendre leurs marchés et leur clientèle pour maximiser leurs gains. Ce qui pose problème, ce sont les conséquences en termes de santé publique et le manque de laboratoires indépendants pour vérifier les résultats produits par les entreprises et pour réaliser des essais cliniques – pas seulement pour des molécules avec brevet. Cette indépendance des laboratoires passe aussi par celle de la recherche publique.

La loi du 29 décembre 2011 relative au renforcement de la sécurité sanitaire du médicament et des produits de santé propose la prévention des conflits d’intérêts, la création d’une nouvelle agence du médicament et le renforcement de la pharmacovigilance. Réussira-t-elle à rétablir un équilibre entre intérêt général et intérêts privés ?»

Brigitte Chamak, Sociologue au Centre de recherche CERMES3 Inserm, U988 ; CNRS, UMR 8211 ; Université Paris Descartes: et Laurent Lefèvre Journaliste, La Vie de la recherche scientifique (VRS)

Notes:

1. L’Agence européenne du médicament, qui a demandé à l’Afssaps d’enquêter, soupçonne Servier d’avoir dissimulé les effets secondaires de ce médicament utilisé chez la femme ménopausée dans le traitement de l’ostéoporose.

2. David Healy, “Shaping the intimate: influences on the experience of everyday nerves”, Social Studies of Science, 2004, vol. 34, n°2, p. 219-245.

3. Eric Turner et al., “Selective Publication of Antidepressant Trials and its Influence on Apparent Efficacy”, The New England Journal of Medicine, 2008, vol. 358, n°3, p. 252-260.

4. Hans Melander et al. “Evidence b(i)ased medicine”, British Medical Journal, 2003, vol. 326, p.1171-1173.

5. Elizabeth Koller et al. “associated with antipsychotics: from the Food and Drug Administration’s MedWatch surveillance system and published reports”, Pharmacotherapy, 2003, vol. 23, n°9, p.1123-1130.

6. Jason Lazarou et al. “Incidence of adverse drug reactions in hospitalized patients”, JAMA 1998, vol. 279, n°15, p. 1200-1205.

7. Sauveur Boukris, Ces médicaments qui nous rendent malades, éditions Le Cherche Midi, 2009.

8. Chris Watkins et al. “Characteristics of general practitioners who frequently see drug industry representatives: national cross sectional study”, British Medical Journal, 2003, vol. 326, p. 1178-1179.

9. Ashley Wazana, “Physicians and the pharmaceutical industry. Is a gift ever just a gift?” JAMA 2000, vol. 283, n°3, p. 373-380.

10. Daniella Zipkin & Michael Steinman, “Interactions between pharmaceutical representatives and doctors in training”, Journal of General Internal Medicine, 2005, vol. 20, p. 777-786.

11. Finn Bowring, Science, seeds and cyborgs: Biotechnology and the appropriation of life. New York: Verso, 2003, 338p.

12. Frank Van Kolfschooten, “Can you believe what you read?” Nature, 2002, vol. 416, p. 360-363.

13. Lynn Payer, Disease-mongers: how doctors, drug companies, and insurers are making you feel sick. New York: John Wiley & Sons, 1992.

14. Ray Moynihan, Iona Heath, David Henry, “Selling sickness: the pharmaceutical industry and disease mongering”, British Medical Journal, 2002, vol. 324, p. 886-890.

15. Jason Dana & George Loewenstein, “A social science perspective on gifts to physicians from industry”, JAMA, 2003, vol. 290, n°2, p.252-255.

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11 novembre 2012 7 11 /11 /novembre /2012 11:36

 

Le problème des dépassements d’honoraires oblige pour le comprendre à entrer dans le détail. Les Français, eux, en comprennent la conséquence : il va être de plus en plus difficile et coûteux de se soigner : malheur aux pauvres !

Cette question résume à elle seule l’étrangement dans laquelle la politique économique, monétaire et financière  néolibérale plonge  l’Assurance-Maladie dans notre pays.

Côté dépenses, il faut admettre que la médecine coûte et coutera de plus en plus cher, et avec elle toute la protection sociale. C’est la rançon du progrès technique et du vieillissement de la population. Cette augmentation des coûts exige une rationalisation du système qui n’est pas nécessairement synonyme de réduction de la qualité.

On notera néanmoins que ne sont que rarement évoquées les économies directes permises par les techniques en elles mêmes coûteuses mais plus efficaces, les gains  économiques globaux résultant de l’allongement de la durée de vie, ni la création et le maintien des emplois de la santé.

La crise de l’Assurance-Maladie et son déficit chronique qui s’accélère est d’abord une crise de recettes. Le chômage de masse depuis trente ans, auquel la récession économique vient s’ajouter depuis 2008, étrangle les revenus de l’Assurance-Maladie qui continuent à peser essentiellement sur les revenus du travail.

Dans ces conditions, il est devenu progressivement impossible de rémunérer les professionnels de santé à un niveau correct compte tenu de leur qualification, de leurs responsabilités, de leur entrée tardive dans la vie professionnelle, des besoins croissants d’investissements et de temps consacré à la gestion administrative ou organisationnelle. Les revenus des professions de santé, non seulement des médecins mais de paramédicaux, se situent en moyenne en dessous de ceux de professions libérales ou techniciennes comparables. Sur l’échelle des revenus médicaux étudiée en 2007 dans les pays de l’OCDE, les médecins français se situent globalement dans une petite moyenne.

Les dépassements d’honoraires sont une création du gouvernement Barre en 1980, au tout début de l’entrée de la France dans la politique néolibérale.

Ils ont consisté à faire payer une part croissante des honoraires médicaux non plus par la solidarité de  l’Assurance-Maladie, mais par chaque ménage , que ce soit directement ou par l’intermédiaire des Mutuelles , qui , il faut le rappeler énergiquement, ne sont pas un système de solidarité mais un système d’assurance individuel dont la qualité dépend du montant de cotisations.

Le phénomène a pris depuis une ampleur telle qu’il est devenu une des causes de la médecine à plusieurs vitesses et des “déserts médicaux” : pour s’assurer des revenus suffisants, les dépassements restant pourtant limités dans la grande majorité des cas , les médecins s’installent en priorité dans les zones solvables et désertent les zones plus pauvres, accélérant la spirale de la désertification des territoires.

Pour ne citer qu’un seul chiffre, ceux de l’Ile de France, on notera que la densité médicale pour 100.000 habitants, que ce soit en public ou en privé, est quatre fois plus importante dans la capitale que dans les départements de la grande couronne, qui regroupent 70% de la population de la région,  alors même que ceux-ci disposent de moins de médecins que la moyenne nationale.

Que peut-donc proposer dans ces conditions un gouvernement qui fait de la réduction des déficits publics au prix d’une récession sans fin l’axe de sa politique ? D’un côté des  bricoles : sanctionner les abus les plus criants et de l’autre faire surtout appel de façon sans cesse croissante aux mutuelles, au risque de les mettre dans des difficultés insurmontables sans relèvement substantiel de cotisations de plus en plus élevées. La hausse se situe en 2012 à plus de 5%. On notera au passage que la taxation fiscale supplémentaire des cotisations voulue par le gouvernement Sarkozy, et que la gauche avait à juste titre dénoncée,  est toujours à l’œuvre, les élections étant derrière nous...

C’est donc clair : le gouvernement Hollande, comme celui de Sarkozy, a baissé les bras. Chaque famille française devra sans cesse davantage se soigner en fonction de sa richesse.

Pour en sortir il y a pourtant de nombreuses  pistes :

  • transférer davantage les cotisations d’assurance-maladie vers la CSG afin de mettre à contribution les revenus du capital à égalité d’avec ceux du travail;
  • taxer aux frontières les importations provenant des pays qui développent l’esclavage humain et affecter une partie de ces taxes à la protection sociale ;
  • recréer de l’emploi et de la croissance en changeant de système monétaire : la récréation d’un million d’emplois industriels apporterai 10 Milliards de recettes à l’Assurance-Maladie, soit la moitié du déficit actuel;
  • rationaliser le système de soins  notamment dans le domaine du médicament, où une économie de 10 milliards est également possible, ce qui permettrait de relever de 25 à 30 % les honoraires médicaux conventionnés.

C’est possible ! Mais on le voit bien : il faut entièrement changer de cap économique, monétaire, social.

 

François Morvan
Vice-Président de DLR et délégué national à la Santé

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11 novembre 2012 7 11 /11 /novembre /2012 11:31

Les tarifs pratiqués dans les cliniques privées sont désormais accessibles à quiconque souhaite les consulter. Un outil à consommer sans modération pour s’informer du montant des dépassements facturés près de chez soi.

Pose de prothèse de hanche surfacturée, opération de la cataracte étonnamment coûteuse, accouchement de luxe… Après les dépassements d’honoraires au sein de l’hôpital public, 60 Millions de consommateurs dénonce les pratiques tarifaires des cliniques privées. En s’appuyant sur les données que vient de publier l’Agence technique de l’information sur l’hospitalisation (ATIH), un organisme public dépendant du ministère de la santé.

En mai dernier, 60 Millions avait sollicité le directeur de l’Agence afin d’obtenir, pour chaque acte chirurgical et par département, les montants de dépassements d’honoraires facturés dans les cliniques privées. « J’ai bien conscience que ces données sont d’intérêt général, a répondu Housseyni Holla, et je trouve, comme vous, légitime que le public puisse y accéder. En conséquence, j’ai décidé de publier […] une exploitation de données cumulées par territoire de santé, sur les dépassements d’honoraires, pour les actes les plus fréquents. »

Un vent frais de transparence

Grâce à ce nouvel outil, déjà disponible en ligne, l’usager qui s’apprête à subir une intervention chirurgicale est en mesure de se faire une idée exacte du dépassement d’honoraires moyen pratiqué près de chez lui. Il peut comparer cette moyenne avec le devis remis par son chirurgien, et également vérifier dans quelle mesure il peut obtenir de meilleurs tarifs auprès d’autres spécialistes.

Plus de cinq mille actes, soit la quasi-totalité des interventions pratiquées dans le privé, sont renseignés dans la base de données de l’ATIH. Laquelle annonce par ailleurs son intention de la mettre à jour annuellement. Un vent frais de transparence…

Plus de 730 millions d’euros l’an dernier

Selon ces informations, sur les 4,3 millions d’interventions chirurgicales concernées l’année dernière (hors anesthésies), 1,8 million ont donné lieu à des dépassements pour un montant de plus de 730 millions d’euros. Soit près du tiers de l’enveloppe globale des dépassements facturés en France (incluant donc la médecine de ville et l’hôpital public).

En cas de dépassement, le montant facturé s’est élevé en moyenne à 2,3 fois le barème fixé par l’Assurance maladie. 3 500 € par ci, 3 000 € par là, 2 500 € ailleurs… Les tarifs observés peuvent atteindre des sommets. Dans certains cas – les interventions de chirurgie esthétique notamment –, ils dépassent même toute mesure.

Notre enquête complète publiée dans le n° 476 de 60 Millions de consommateurs fournit le détail des tarifs pratiqués pour une série d’interventions fréquentes et établit un classement des régions les plus chères et les moins chères.

De nouvelles mesures qui laissent sceptiques

La question des dépassements d’honoraires a été largement discutée ces dernières semaines, pour aboutir à l’adoption d’une série de mesures visant à limiter les dérives. Ces nouvelles dispositions trouveront-elles une traduction sur le terrain de l’accès au soin ? De nombreux acteurs du secteur en doutent. C’est le cas d’André Grimaldi, professeur de diabétologie à la Pitié-Salpêtrière et coauteur du Manifeste pour une santé égalitaire et solidaire.

« Le Collectif interassociatif sur la santé (Ciss) prévoit, avec raison, une augmentation dans les trois ans des dépassements d’honoraires de 2,5 à 3 milliards d’euros ! tempête le médecin. Et en échange de quoi ? D’une vague limite définissant plus ou moins l’abus, d’une faible augmentation du nombre de patients vus au tarif Sécu et, cerise sur le gâteau, d’une revalorisation dérisoire du secteur 1 [sans dépassement d’honoraires]. »

La mise à disposition des tarifs pratiqués en clinique, à l’échelle du département, constitue en revanche une avancée dont l’intérêt ne se dément pas… à condition que les patients en apprivoisent l’usage.

Erwan Le Fur

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11 novembre 2012 7 11 /11 /novembre /2012 11:29


09 novembre 2012
Le décret d’application sur la transparence des liens d’argent entre laboratoires et médecins prévoit tant d’exceptions qu’au final, peu d’informations seront disponibles pour le grand public.
La loi issue du scandale Mediator prévoyait de faire toute la lumière sur les relations financières entre les laboratoires et les professionnels de santé. Cet objectif louable de transparence est aujourd’hui complètement dénaturé par le décret d’application en préparation. D’abord parce que les rémunérations perçues par les médecins dans le cadre de leurs contrats avec l’industrie ne seraient pas concernées. Le public ne pourrait donc pas savoir qui intervient comme formateur ou comme consultant pour une firme, ni, surtout, pour quel tarif. Ne restent dans le champ de la loi que les cadeaux, et encore : en-dessous de 60 € par cadeau et de 500 € cumulés par semestre, il n’y aurait aucune obligation de déclaration. La règlementation s’appliquant actuellement est plus sévère......

 

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9 novembre 2012 5 09 /11 /novembre /2012 16:15
AFP Publié le 09/11/2012

Une infirmière libérale a été condamnée  à Lyon à deux ans de prison, dont 14 mois avec sursis, pour avoir escroqué pendant deux ans la Sécurité sociale pour un préjudice de quelque 300.000 euros. En 2009 et 2010, elle facturait à la Caisse primaire d'assurance maladie (CPAM) et à la caisse de la SNCF l'équivalent de "28 heures de travail non-stop par jour", a rappelé Nathalie Simonitto, l'avocate des deux caisses.

"Lorsqu'elle faisait des remplacements dans des cabinets, elle récupérait des coordonnées de patients et facturait des prestations pour des assurés qu'elle n'a jamais rencontrés", a-t-elle ajouté. Le tribunal correctionnel de Lyon lui a également interdit définitivement d'exercer en tant qu'infirmière libérale.

Mi-octobre, une infirmière libérale avait été condamnée à Lyon à trois ans de prison, dont deux avec sursis, pour avoir escroqué depuis 2008 la CPAM du Rhône de plus de 700.000 euros, notamment en refacturant des actes. "Lyon a étoffé sa lutte anti-fraudes, j'ai plein de dossiers dans mes placards", a glissé Mme Simonitto.

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7 novembre 2012 3 07 /11 /novembre /2012 18:33

 

©AFP / Michel Gangne

L'ex-docteur Michel Maure, déjà condamné en 2009 à 4 ans de prison, dont 3 ferme, pour des opérations de chirurgie esthétique ratées, a été condamné mercredi à Marseille à six mois de prison ferme et 10.000 euros d'amende pour exercice illégal de la médecine.

Michel Maure, 64 ans, a également écopé devant le tribunal de grande instance de Marseille d'une interdiction d'exercer toute profession en lien avec la médecine et devra verser un euro à l'ordre régional des médecins.

Il avait été condamné en avril 2009 par la cour d'appel d'Aix-en-Provence à 4 ans de prison, dont 3 ferme, pour mise en danger de ses patientes lors d'opérations de chirurgie esthétique.

Définitivement radié de l'Ordre des médecins en 2007, Michel Maure était poursuivi par près d'une centaine d'anciens patients de la clinique Saint-Bernard, dans le centre de Marseille, où il opérait sans respecter les conditions de sécurité qui lui incombaient.

Il avait été incarcéré à l'été 2008 après son arrestation en Espagne où il s'était rendu en violation de son contrôle judiciaire.

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2 novembre 2012 5 02 /11 /novembre /2012 12:56


« Depuis longtemps, notre système de santé est la
cible de tricheurs qui pensaient faire un profit facile au
détriment de la sécurité publique » (1). Ces mots sont
ceux du ministre adjoint de la Santé des États-Unis
d’Amérique en juillet 2012 ; et ils concernent une firme
pharmaceutique, GlaxoSmithKline (GSK).
Amende record pour GSK, notamment pour dissimulation.
Mi-2012, GSK a accepté de payer 3 milliards
de dollars pour mettre un terme à plusieurs poursuites
intentées par les autorités états uniennes (1). En cause :
la dissimulation à la Food and Drug Administration étatsunienne
(FDA) des effets indésirables cardiovasculaires
de la rosiglitazone (Avandia°) ; la promotion trompeuse
et hors indication de l’anti dépresseur paroxétine
(Deroxat° ou autre) aux jeunes de moins de 18 ans ; la
promotion de la bupropione, pour maigrir et faciliter
les relations sexuelles hors indication (Wellbutrin°, autorisé
comme antidépresseur aux États-Unis ; Zyban°,
dans le sevrage tabagique en France) ; etc. (1,2).
L’association étatsunienne de consommateurs Public
Citizen estime que les amendes pénales, au regard des
profits dégagés, sont insuffisantes pour dissuader. Elle
réclame des peines de prison contre de telles actions
nocives pour la santé des patients (3).
Roche : effets indésirables non étudiés et non
transmis. Une inspection de routine menée en 2012
pour le compte de l’Agence européenne du médicament
(EMA) a révélé que la firme Roche n’avait pas analysé
ni transmis aux agences du médicament plus de
80 000 cas suspectés d’effets indésirables, dont plus
de 15 000 chez des patients décédés (4).
Pharmacovigilance : mission impossible pour
les firmes. Ces deux affaires montrent une nouvelle
fois combien le discours des firmes pharmaceutiques
sur leur rôle de « partenaire de santé » est en réalité
très loin de leurs agissements.
Les firmes ont un intérêt certain à minimiser voire
dissimuler les effets indésirables de leurs médicaments.
Les professionnels de santé, les pouvoirs publics, les
financeurs des systèmes de santé qui, pour diverses
raisons, souhaitent une implication des firmes dans
l’information des patients et du public, ou qui estiment
que les firmes ont un rôle central à jouer dans le système
de pharmacovigilance, exposent les patients à des
risques inacceptables.
©Prescrire

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2 novembre 2012 5 02 /11 /novembre /2012 12:54
Pharmacovigilance : mission impossible pour les firmes

Des firmes pharmaceutiques dissimulent les effets indésirables de leurs médicaments, discréditant leurs prétentions en termes d'information du public et d'activité de pharmacovigilance.

Mi-2012, la firme GlaxoSmithKline (GSK) a payé une amende de 3 milliards de dollars aux États-Unis d'Amérique pour mettre un terme à plusieurs poursuites judiciaires intentées par les autorités. En cause : la dissimulation à la Food and Drug Administration (FDA) des effets indésirables cardiovasculaires de la rosiglitazone (ex-Avandia°) ; la promotion trompeuse et hors indication de l’antidépresseur paroxétine (Deroxat°) aux jeunes de moins de 18 ans ; la promotion de la bupropione (Wellbutrin°, aux États-Unis), hors indication, pour maigrir et faciliter les relations sexuelles ; etc.

L’association étatsunienne de consommateurs Public Citizen estime que les amendes pénales sont insuffisantes pour être dissuasives, au regard des profits dégagés. Elle réclame des peines de prison pour sanctionner de telles actions nocives pour la santé des patients.

La firme GSK n'est pas la seule firme fautive : une inspection de routine menée en 2012 pour le compte de l’Agence européenne du médicament (EMA) a révélé que la firme Roche n’avait pas analysé ni transmis aux agences du médicament plus de 80 000 cas suspectés d’effets indésirables, dont plus de 15 000 chez des patients décédés.

Ces deux affaires montrent une nouvelle fois combien le discours des firmes pharmaceutiques sur leur rôle de "partenaire de santé" est en réalité très loin de leurs agissements.

Les firmes ont un intérêt certain à minimiser voire à dissimuler les effets indésirables de leurs médicaments. Les professionnels de santé, les pouvoirs publics, les financeurs des systèmes de santé qui, pour diverses raisons, souhaitent une implication des firmes dans l’information des patients et du public, ou qui estiment que les firmes ont un rôle central à jouer dans le système de pharmacovigilance, exposent les patients à des risques inacceptables.

©Prescrire 1er novembre 2012

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