- Piège cognitif et pharmacologique
Dans certaines circonstances exceptionnelles, on peut, éventuellement, avoir à utiliser le somnifère le « moins mauvais ».
Il faut cependant bien garder à l’esprit que leur utilisation dans le « traitement » de l’insomnie est, par définition, illusoire et même plutôt contre-performante.
Opiacés Malgré ce qu’en pensaient les Grecs, le pavot et ses dérivés (opium, codéine, morphine, héroïne) sont de puissants "anti-sommeil".
Le consommateur est plongé dans un état de léthargie mais il dort très peu et le stade de sommeil lent est effondré.
Alcool :
L’alcool a longtemps bénéficié, à tort, d’une bonne réputation vis-à-vis du sommeil. Il n’y a pas si longtemps, on massait avec un peu d’alcool (Rhum, eau de vie, calvados ...) la peau des enfants au sommeil récalcitrant ! (On sait maintenant que cela exposait l’enfant à de graves dangers, mais, de nos jours, le "petit lexo" ou le sirop théralène font malheureusement parfois le même office...).
L’alcool exerce des effets apparemment contradictoires sur les états de conscience.
À faible dose, l’alcool est un excitant qui perturbe surtout le jugement et les réflexes. Il n’est pas sédatif à proprement parler.
Compte tenu de ses propriétés, l’alcool ne constitue pas un bon somnifère comme le précise si bien Garangantua , le plus grands des buveurs et l’ineffable bon vivant (décrit par Rabelais) :
"-Je vous y prens, je vous resveille. Sommelier eternel, guarde nous de sommeeil. Argus avoyt cent yeulx pour veoir ; cent mains fault à un sommelier, comme avoyt Briareus, pour infatigablement verser" [2]
« Lever matin n’est point bonheur
Boire matin est le meilleur. » (François Rabelais).
NB C’est probablement cette même intuition que partagent avec Pantagruel, les Antillais âgés qui ont gardé l’habitude du "décollage " le matin avec une goutte de rhum (Nda).
À forte dose, le sujet tombe dans un état proche du coma ; la narcose (il n’est plus réveillable normalement).
En réalité, malgré son effet apparemment sédatif, l’alcool interdit le sommeil profond en début de nuit (disparition des stades de sommeil lent 3 et 4). Il se produit un « rebond compensateur » de sommeil en fin de nuit, lorsque l’alcoolémie aura suffisamment baissé.
Cette compensation du sommeil profond et parfois des rêves en fin de nuit donne au buveur excessif une fausse impression de "bon" sommeil.
Ce sommeil de deuxième partie de nuit n’est pas aussi efficace que le sommeil de début de nuit (riche en sommeil lent : Cf. Iconographie) et le sujet alcoolique se trouve souvent en état de manque chronique de sommeil.